lundi 14 décembre 2009

Honduras: une farce électorale

Communiqué de presse du Comité Alba Amérique latine et de Solidarité Honduras

65% d’abstention, une Victoire pour le Peuple Hondurien en Résistance !

Le 28 juin 2009, un coup d’état militaire a arrêté et expulsé hors du pays le président constitutionnel Manuel Zelaya Rosales. Ce jour là, devait être organisé une question au Peuple : « souhaite-t-il que soit organisé un référendum le jour de l’élection présidentielle du 29 novembre suivant, pour que le successeur du Président convoque une assemblée constituante ».

Une dictature militaire s’est mise en place avec le soutien de tous les pouvoirs de l’État hondurien ainsi que du Pentagone. Sous le couvre feu, le peuple hondurien est entré en résistance pacifique.

Durant ces cinq mois de résistance pacifique, les violations des droits de l’homme se sont multipliées : assassinats par l’armée et la police, arrestations, tortures, disparitions, avec l’aval de la Cour Suprême de Justice et du Parlement.

Après cinq mois de dictature, les putschistes sont bien décidés à garder le pouvoir, alors que le président légitime est, depuis le 21 septembre, retenu par l’armée à l’intérieur de l’ambassade du Brésil et que la résistance ne faiblit pas.

Après deux premières tentatives, le Président légitime du Honduras Manuel Zelaya, en exil depuis le jour du coup d’État perpétré par l’oligarchie et l’armée, est revenu au péril de sa vie dans la capitale de son pays écrasée par une sanglante dictature. Il a trouvé refuge à l’ambassade du Brésil où il subit depuis lors de constantes agressions de la part des forces armées : des sons stridents d’une violence insoutenable sont diffusés par des canons sonores, des grenades lacrymogènes et des gaz toxiques sont lancés à l’intérieur de l’ambassade et de puissants projecteurs sont dirigés toute la nuit vers le bâtiment. La foule qui, bravant le couvre-feu, passe la nuit aux alentours de l’ambassade du Brésil pour protéger leur Président légitime est la cible de matraquages et de tirs d’armes à feu. Le siège du Comité des Familles de Détenus et Disparus au Honduras (COFADEH), où s’étaient réfugiés des manifestants, a été attaqué par des policiers qui ont lancé des gaz lacrymogènes à l’intérieur du bâtiment.

La communauté internationale tout entière a condamné le coup d’État dans ce pays d’Amérique Latine. Une Amérique Latine dont on pensait que les années noires de son histoire appartenaient définitivement au passé. Aucun peuple ne veut voir réapparaître de sinistres personnages du type Pinochet au Chili ou Videla en Argentine. Aucun peuple ne souhaite revivre l’obscurantisme des dictatures. Des dictatures qui, de surcroît, sont fabriquées de toutes pièces pour servir les intérêts géopolitiques et économiques des États-Unis et de ses multinationales.

La dictature a cherché à se rendre légitime en organisant les élections de ce 29 novembre et, si possible, à les faire reconnaître par la communauté internationale afin d’évincer définitivement le projet du Président Zelaya, centré autour de la question de la convocation d’une assemblée constituante. Ce projet est devenu la revendication première d’une résistance héroïque qui reste déterminée malgré la répression.

Il s’agit pourtant bien évidemment d’un scrutin illégal dont les résultats ne peuvent être reconnus puisque la campagne électorale s’est déroulée sous une dictature qui a sérieusement restreint les garanties constitutionnelles, a bloqué à de nombreuses reprises les moyens de communication et a violemment réprimé l’opposition.
Le but de l’opération putschiste était d’empêcher toute participation citoyenne aux affaires du pays afin que l’oligarchie liée aux multinationales et aux États-Unis puisse continuer à régner sans obstacles, maintenant la population dans la misère et l’oppression. Il s’agissait également d’éviter que le Honduras participe à l’intégration latino-américaine et des Caraïbes qui est en marche et cherche à se libérer de la main mise étasunienne.

Le jour de la « farce électorale » du 29 Novembre, le Front de résistance du peuple Hondurien a appelé la population à rester chez elle de 6 h à 18 h, pour s’opposer par cet « état de siège populaire » à la grande farce électorale et se protéger de l’impressionnant déploiement répressif de quelques 30.000 militaires, policiers et paramilitaires.

Bien que la dictature déclare un taux de participation électorale supérieur à 60% et qu’à l’issue de cette mascarade un président ait été présenté à l’opinion publique, « l’état de siège populaire » a rencontré le succès espéré : le taux d’abstention a été supérieur à 65% malgré la répression et les intimidations dont le peuple a été l’objet, la dictature n’ayant pas hésité à harceler les personnes chez elles afin de les pousser à participer au vote, prolongeant même d’une heure le temps d’ouverture des bureaux de vote qui sont restés vides toute la journée.

Le peuple hondurien continue à lutter pour son projet politique : retour à la tête de l’État du président constitutionnellement élu Manuel Zelaya et organisation d’élections régulières dans le cadre de la Constitution, et au-delà de ces objectif il appelle à la mise en place d’une assemblée constituante, autrement dit à une refonte structurelle de l’État par les citoyens et pour les citoyens.

Pour le peuple hondurien, la défense de ses droits légitimes et de l’indépendance de son pays est une lutte sans concessions !

Nous lançons un appel urgent au peuple français et à la communauté internationale dans son ensemble pour le soutien de la lutte du peuple hondurien !

4 décembre 2009

Pour plus d’information :
solidarite-honduras
Contact médias : Blanca Ochoa, tél. 06 23 43 73 98 / solidarite.honduras@gmail.com

jeudi 3 décembre 2009

Le Congrès refuse la réintégration du président

Manuel Zelaya avait annoncé que de toutes manières, il n’accepterait pas d’être réinstallé par les auteurs du coup d’Etat.

Après un week-end dédié à l’élection présidentielle boycottée par la résistance, et qui a vu la victoire de Porfirio Lobo (Parti national), on en avait presque oublié la séance du Congrès de mercredi qui devait statuer pour la première fois depuis 5 mois sur le rétablissement éventuel de Manuel Zelaya à son poste de président.


En effet, les parlementaires ont dû se prononcer sur un des points de l’Accord San José-Tegucigalpa qui donnait la possibilité de réintégrer le président renversé.


Sans grande surprise, la majorité des parlementaires, dont la plupart avait voté sa destitution, n’a pas accepté son retour (111 voix contre 14).

Ces députés qui résistent
A vrai dire, la séance a plutôt ressemblé à une chambre d’enregistrement. En effet, on peut se demander pour quelles raisons le Congrès se réunissait-il alors que l’Accord avait été publié le 30 octobre dernier et que les putschistes, Roberto Micheletti en tête, avaient tout fait pour ne pas le respecter.


Malgré ce, quelques députés qui résistent au coup d’Etat sont intervenus. « Personne n'ignore que je me suis prononcée contre le coup d'Etat » a lancé la députée libérale Elvia Argentina Valle. « Comment peut-on croire à un système qui a violé tous les droits ? » Et d'ajouter: « Je comprends que quelqu'un puisse commettre des erreurs mais que les autorités continuent à les commettre est inconcevable ».


La députée a affirmé qu’« ici il n'y a plus de crédibilité dans institutions. C'est quand même terrible et aberrant que le cas de Manuel Zelaya soit étudié cinq mois après ».


En revanche, « rien n'a été fait contre les militaires qui l'ont expatrié, rien n'a été fait contre la violation des droits de l'homme ».


Angel Edmundo Orellana, autre député libéral, a averti que si la plénière ne restituait pas Manuel Zelaya cela aurait des conséquences juridiques à long terme. « Tous ceux qui ont participé le 28 juin (au renversement du président) vont devoir rester toute leur vie à la merci d'un procès, car c'est un délit imprescriptible. Ils ont remplacé la volonté du peuple ».

M.Zelaya : « Les masques continuent de tomber »
En réaction à ce vote, le président Manuel Zelaya a indiqué que « les masques continuent de tomber dans le pays. Ce résultat fait honte à notre nation. Ils seront jugés par l’Histoire ».
De toutes manières, lundi, il avait indiqué qu’il refusait d’être réinstallé par les mêmes qui l’avaient expulsé. « Ni restitution pour légitimer le coup d’Etat, ni pour avaliser un processus totalement entaché de nullité » avait-il lancé.


Le retour du président Zelaya aurait pu être validé dans une sorte de processus cynique, lui permettant de le faire revenir uniquement pour transmettre le pouvoir à Porfirio Lobo, le président certes élu mais dont l’élection a été condamnée par la résistance et tarde à être reconnue par une majorité de pays. A noter qu’on ne connaît toujours pas officiellement les chiffres de la participation au scrutin. Mais qu’on se dirigerait plutôt vers une forte abstention.


D’ici là, les affaires courantes seront assurées par Roberto Micheletti. Rien de très rassurant.
Sébastien MADAU
Article publié dans le quotidien la Marseillaise

mercredi 2 décembre 2009

La résistance appelle à « la mobilisation »

L’Amérique se divise sur la reconnaissance de l’élection alors que l’on ne connait toujours pas le chiffre officiel de la participation.

Au lendemain de l’élection présidentielle qui a vu le candidat du Parti national Porfirio Lobo l’emporter avec 52,3% des voix dès le premier, la tension dans tout le pays est encore palpable. De nombreux manifestants restent incarcérés.

Comme promis, la résistance populaire condamne cette élection et salue l’abstention qu’elle estime à environ 65% tandis que le Tribunal suprême électoral (TSE) parle lui d’une participation « historique » de plus de 60%.

En attendant, le Front national contre le coup d’Etat a rejeté le discours de Porfirio Lobo qui parlait dès dimanche soir d’instaurer un Gouvernement d’unité nationale.

Carlos H. Reyes, candidat indépendant qui s'était retiré de la course pour ne pas cautionner le putsch, a indiqué que le mouvement allait « continuer à repousser quelque dialogue que ce soit avec les putschistes ». Le tout en maintenant comme revendications: le rétablissement de l'ordre constitutionnel et la convocation d'une assemblée constituante.
Quant à Rafel Alegria, un syndicaliste paysan coordinateur du Front, il a assuré que « la résistance se renfor(çait) et se consolid(ait) ». D'où son appel à « maintenir une mobilisation permanente ».

Manuel Zelaya : « Je ne me rends pas »
Porfirio Lobo a en tous les cas bien l'intention de tourner la page Zelaya. Lors d'une conférence de presse, il a annoncé : « Zelaya, c'est du passé! » en demandant à la communauté internationale de « voir la réalité en face » et de cesser de « punir » son pays.
Le candidat du Parti national souhaiterait uniquement voir le président Zelaya revenir aux commandes pour assurer la passation de pouvoir programmée le 27 janvier prochain. « Je ne me rends pas, même s'ils me menacent » a rétorqué à Radio Globo Manuel Zelaya, « même s'ils veulent m'humilier car je suis en train de défendre une cause, celle du peuple hondurien (…). Pas de restitution pour légitimer le coup d'Etat, ni pour avaliser un processus (électoral) totalement entaché de nullité » a ajouté le président renversé le 28 juin dernier.

Les Etats-Unis n'ont pas tardé eux à reconnaître les résultats du scrutin. C'est une occasion rêvée pour en finir avec une situation chaotique qui commençait à déranger Washington tant le rôle joué par les Etats-Unis a été trouble depuis 6 mois.

« Nous allons continuer à insister auprès du président Zelaya pour qu'il revienne au dialogue avec d'autres au Honduras pour aboutir à ce Gouvernement d'unité nationale » a même ajouté le porte-parole de la Maison blanche.

De manière générale, le continent latino-américain est divisé. La Colombie, Panama, le Guatemala et le Costa-Rica ont reconnu le résultat de l'élection alors que le Vénézeuela, le Nicaragua, l'Equateur, le Nicaragua, le Paraguay, le Brésil, le Chili ont refusé de le faire.

SÉBASTIEN MADAU
Article publié dans le quotidien la Marseillaise du mercredi 2 décembre 2009

Communiqué du Parti Communiste Français (en FR et ES)

Seul le retour du gouvernement légitime peut garantir des élections libres et démocratiques.


Les élections au Honduras, organisées sous le contrôle d’un gouvernement putschiste, sont illégitimes. Leur résultat a d’ailleurs été rejeté par l’ensemble des pays du continent américain à l’exception des Etats-Unis et de quelques pays alliés, Colombie, Pérou, Panama...

Après avoir fait échouer les négociations qui devaient permettre le retour du président Manuel Zelaya, victime du coup d’Etat du 28 juin dernier, le régime de facto en place au Honduras a essayé de se donner une légalité en organisant des élections présidentielles dimanche 29 novembre. Nul ne peut accepter la volonté de ce régime de mettre le peuple hondurien et la communauté internationale devant un fait accompli. Reconnaître la validité d’un tel scrutin serait un facteur d’instabilité politique dans une région où les forces progressistes affrontent la contre-offensive d’une droite qui cherche sa revanche. Ce serait accepter l’impunité pour les responsables d’un nombre élevé d’assassinats d’opposants, de centaines d’arrestations et de harcèlement et persécution contre les démocrates honduriens. Ce serait la porte ouverte à d’autres coups d’Etat.

Le Parti communiste français affirme sa solidarité avec les démocrates et les progressistes honduriens qui agissent pour le retour de la démocratie et le respect du droit. Seul le retour du gouvernement légitime peut offrir le cadre nécessaire pour l’organisation d’élections libres.

Parti communiste français

Paris, le 30 novembre 2009.

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Sólo la reposición del gobierno legítimo puede asegurar elecciones libres y democráticas


Instauradas bajo control del gobierno golpista, las elecciones en Honduras son ilegítimas. Además, la totalidad de los países del continente americano, con la excepción de USA y sus aliados Colombia, Perú, Panamá…, ha rechazado los resultados.

Tras fracasar las negociaciones que debían permitir el regreso del presidente Manuel Zelaya, víctima del golpe el pasado 28 de junio, el régimen de facto instaurado en Honduras ha tratado de otorgarse legalidad convocando elecciones presidenciales el domingo 29 de noviembre. La voluntad de ese régimen de poner ante un hecho consumado al pueblo hondureño y a la comunidad internacional es inaceptable. El reconocer la validez de esta votación originaría inestabilidad política en una región donde las fuerzas progresistas se enfrentan a la contraofensiva de una derecha ávida de revancha. Eso significaría que se acepta la impunidad de los culpables de muchísimos asesinatos de opositores, centenares de detenciones y hostigamientos y persecución de los demócratas hondureños. Sería abrir las puertas a otros golpes.

El Partido Comunista Francés reafirma su solidaridad con los demócratas y los progresistas hondureños que se esfuerzan por el retorno de la democracia y el respeto del Derecho. Sólo la reposición del gobierno legítimo puede ofrecer el marco necesario para la organización de elecciones libres.


Partido Comunista Francés
París, 30 de noviembre de 2009

Front national de résistance


COMMUNIQUE n.41

Le Front de Résistance contre le Coup d’Etat communique au peuple hondurien et à la communauté internationale:

1. L’échec total de la farce électorale organisée par l’oligarchie le 29 novembre sous la dictature confirme notre position: les élections et leur résultats sont illégitimes; le gouvernement qui d’installera au pouvoir le 27 janvier l’est tout autant.

2. Nous appelons les gouvernements et les mouvements sociaux démocratiques et honnêtes de par le monde, à rejeter les résultats de la farce électorale et à ne pas reconnaître le prétendu gouvernement qui s’installera le 27 janvier prochain.

3. Face à ce processus électoral qui n’a pas la moindre légitimité ni la moindre légalité et qui prétend garantir l’exercice du pouvoir à un secteur minoritaire de la population, la convocation d’une Assemblée Constituante est la seule alternative pour canaliser les exigences de participation politique de tout le peuple hondurien. Nous continuerons à lutter pour cela.

4. Nous rappelons que toutes les décisions prises par l’actuel régime de facto et par son successeur ne seront pas reconnues par le peuple. Nous rejetons expressément toute amnistie des violations des droits de l’homme.

5. Nous profitons de l’occasion pour reconnaître la labeur du Comité des Familles de Détenus et de Disparus du Honduras, qui célèbre aujourd’hui 27 ans de lutte pour la vérité, la justice et la construction d’une société respectueuse des droits de l’homme.

NOUS RESISTONS ET NOUS VAINCRONS
Tegucigalpa le 30 novembre 2009