jeudi 3 décembre 2009

Le Congrès refuse la réintégration du président

Manuel Zelaya avait annoncé que de toutes manières, il n’accepterait pas d’être réinstallé par les auteurs du coup d’Etat.

Après un week-end dédié à l’élection présidentielle boycottée par la résistance, et qui a vu la victoire de Porfirio Lobo (Parti national), on en avait presque oublié la séance du Congrès de mercredi qui devait statuer pour la première fois depuis 5 mois sur le rétablissement éventuel de Manuel Zelaya à son poste de président.


En effet, les parlementaires ont dû se prononcer sur un des points de l’Accord San José-Tegucigalpa qui donnait la possibilité de réintégrer le président renversé.


Sans grande surprise, la majorité des parlementaires, dont la plupart avait voté sa destitution, n’a pas accepté son retour (111 voix contre 14).

Ces députés qui résistent
A vrai dire, la séance a plutôt ressemblé à une chambre d’enregistrement. En effet, on peut se demander pour quelles raisons le Congrès se réunissait-il alors que l’Accord avait été publié le 30 octobre dernier et que les putschistes, Roberto Micheletti en tête, avaient tout fait pour ne pas le respecter.


Malgré ce, quelques députés qui résistent au coup d’Etat sont intervenus. « Personne n'ignore que je me suis prononcée contre le coup d'Etat » a lancé la députée libérale Elvia Argentina Valle. « Comment peut-on croire à un système qui a violé tous les droits ? » Et d'ajouter: « Je comprends que quelqu'un puisse commettre des erreurs mais que les autorités continuent à les commettre est inconcevable ».


La députée a affirmé qu’« ici il n'y a plus de crédibilité dans institutions. C'est quand même terrible et aberrant que le cas de Manuel Zelaya soit étudié cinq mois après ».


En revanche, « rien n'a été fait contre les militaires qui l'ont expatrié, rien n'a été fait contre la violation des droits de l'homme ».


Angel Edmundo Orellana, autre député libéral, a averti que si la plénière ne restituait pas Manuel Zelaya cela aurait des conséquences juridiques à long terme. « Tous ceux qui ont participé le 28 juin (au renversement du président) vont devoir rester toute leur vie à la merci d'un procès, car c'est un délit imprescriptible. Ils ont remplacé la volonté du peuple ».

M.Zelaya : « Les masques continuent de tomber »
En réaction à ce vote, le président Manuel Zelaya a indiqué que « les masques continuent de tomber dans le pays. Ce résultat fait honte à notre nation. Ils seront jugés par l’Histoire ».
De toutes manières, lundi, il avait indiqué qu’il refusait d’être réinstallé par les mêmes qui l’avaient expulsé. « Ni restitution pour légitimer le coup d’Etat, ni pour avaliser un processus totalement entaché de nullité » avait-il lancé.


Le retour du président Zelaya aurait pu être validé dans une sorte de processus cynique, lui permettant de le faire revenir uniquement pour transmettre le pouvoir à Porfirio Lobo, le président certes élu mais dont l’élection a été condamnée par la résistance et tarde à être reconnue par une majorité de pays. A noter qu’on ne connaît toujours pas officiellement les chiffres de la participation au scrutin. Mais qu’on se dirigerait plutôt vers une forte abstention.


D’ici là, les affaires courantes seront assurées par Roberto Micheletti. Rien de très rassurant.
Sébastien MADAU
Article publié dans le quotidien la Marseillaise

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