lundi 30 novembre 2009

Front national de résistance

COMMUNIQUÉ n.40

C’est avec satisfaction que nous annonçons au Peuple hondurien et à la communauté internationale que la farce électorale organisée par la dictature a été ridiculisée par l’affluence insignifiante dans les bureaux de vote, au point que le Tribunal Electoral putschiste a du prolonger d’une heure le vote jusqu’à 5 heures du soir.

Cela crève l’évidence. Le suivi que nous avons réalisé au niveau national indique un niveau d’abstention minimum de 65 a 70%, le plus élevé de l’histoire du pays, ce qui signifie qu’à peine 30 à 35% de l’électorat a voté. Par cette forme, le peuple hondurien a punis les candidats putschistes et la dictature, qui se débat maintenant pour montrer à l’opinion publique internationale un volume de votants qui n’a jamais existé.
Nous dénonçons que la dictature a eu recours à des manœuvres frauduleuses comme faire venir des salvadoriens, membres du parti ARENA, pour voter dans notre pays ; ces faits ont été dénoncés par les paysans du municipe de Magdalena, Intibucá. Nous devons nous attendre à ce que le nombre de votants soit également augmenté via des manipulations informatiques.

Le désespoir du régime de facto est tel qu’il a réprimé brutalement la manifestation pacifique qui se déroulait à San Pedro Sula, durant laquelle plusieurs camaradas ont été blessés, frappés et arrêtés; une personne est portée disparue. Parmi les blessés on compte un reporter de REUTER; deux religieuses de l’ordre « Latinoamericano de Iglesias » ont été arrêtées alors qu’elles étaient observatrice des droits de l’homme.

Ce résultat représente une grande victoire pour le peuple hondurien, le Front de Résistance invité tout le peuple hondurien en résistance à célébrer dès demain la déroute de la dictature.Nous convoquons à Tegucigalpa une Grande Assemblée le lundi 30 novembre à partir de midi au siège du syndicat STYBIS, et invitons à la grande Caravane de la Victoire contre la Farce Electorale qui partira à 3 heures de l’après midi du « Planeta Cipango ».

NOUS RESISTONS ET NOUS VAINCRONS
Tegucigalpa le 29 novembre 2009
Article publié le 30 novembre 2009 sur solidarite-honduras

MANUEL ZELAYA : " CETTE ÉLECTION EST ILLÉGITIME "

Le Parti national remporte la présidentielle dès le 1er tourLa résistance annonce une abstention d’au moins 65%

Tension et incertitude régnaient à la fermeture des bureaux de vote dimanche soir. Durant toute la journée d’ailleurs, des heurts ont eu lieu entre manifestants appelant au boycott et les forces de l’ordre. Plus de 80 personnes ont été arrêtées et on dénombre un mort.

Il faut dire que le scrutin se déroulait dans un climat tendu avec le président légitime Manuel Zelaya toujours éloigné du pouvoir par un coup d’Etat depuis le 28 juin dernier.

Selon les premiers résultats annoncés (non-officiels), Porfirio Lobo le candidat du Parti national (opposition) l’a emporté dès le premier tour avec un score qui avoisinerait les 56% contre à peine 38% pour Elvin Santos, le candidat du Parti libéral un temps donné favori. Des chiffres à prendre encore avec précautions, même s’il est certain que le candidat du Parti national l’emportera dès le premier tour.

Elvin Santos a reconnu sa défaite tandis que Roberto Micheletti le président putschiste a indiqué qu’il transmettrait le pouvoir à Lobo sans condition. « Aujourd'hui le peuple nous a signalé le chemin que nous devons suivre » a affirmé Elvin Santos, ancien vice-président de Manuel Zelaya qui avait démissionné pour pouvoir se présenter et qui avait soutenu le putsch. « Nous disons au président élu qu'il peut compter sur nous ».

« Nous constituerons un Gouvernement d'unité nationale, de réconciliation, il faut en finir avec les divisions » a indiqué de son côté Porfirio Lobo qui n’a pas l’air de prendre en compte les énormes manifestations qui ont eu lieu toute la journée de dimanche pour dénoncer l’irrégularité constitutionnelle des élections.

Manuel Zelaya a affirmé que l’élection de Porfirio Lobo n’était pas légitime car « elle n’a pas l’appui du peuple ».

La résistance salue « la défaite de la dictature »

Mais toute l’attention était en vérité tournée vers le taux de participation dans les urnes afin de voir si l’appel du président Manuel Zelaya et de la résistance avait été entendu. « Cette élection est un triomphe » a ironisé le Front national de résistance devant les 65 à 70% d’abstention qu’il annonce. Le Front a affirmé que le peuple « a puni les candidats putschistes et la dictature ».

Quant à Manuel Zelaya, il a défini cette abstention importante comme « un signe fort de protestation » de la part des Honduriens et demandé que « si l’abstention est supérieure à 50% les élections doivent être annulées car les résultats ne sont pas représentatifs ». De son côté, le Tribunal suprême électoral affirme que l’abstention ne dépasserait pas les 40%. « Ce sont des mensonges » a affirmé Manuel Zelaya assurant qu’il avait les résultats de 1400 bureaux de vote sous les yeux.

La résistance et le président Zelaya avaient appelé au boycott du scrutin. La participation constatée hier les conforte dans leur action et met également la pression sur les Etats qui seraient tentés de reconnaître les résultats.

SÉBASTIEN MADAU

le 30 novembre 2009

L'APPEL AU BOYCOTT ENTENDU

Porfirio Lobo (Parti national) remporte dès le premier tour l'élection présidentielle avec 55% des voix contre 38% à son adversaire du Parti libéral Elvin Santos (chiffres non-officiels)

La résistance annonce une abstention record de 65% tandis que le Tribunal suprême électoral parle de 40%.

L'appel au boycott a donc été entendu. Le Front national de résistance salue "la défaite de la dictature" et des candidats l'ayant soutenu. Elle poursuit sa mobilisation. Manuel Zelaya le président légitime écarté par un coup d'Etat le 28 juin dernier demande l'annulation du scrutin.

À ce jour, la principale revendication de la résistance demeure intacte: la convocation d'une assemblée constituante.

SÉBASTIEN MADAU

Le 30 novembre 2009

samedi 28 novembre 2009

HONDUÉLECTION

Cinq candidats s’affrontent ce dimanche pour le premier tour des élections présidentielles
Le coup d’Etat, grand absent de la campagne
Dimanche, se tiendront des élections générales, à la fois présidentielles, législatives et municipales au Honduras. Pas besoin de préciser que les votes se dérouleront dans un climat de tension, 5 mois après le renversement de Manuel Zelaya, le président démocratiquement élu. Ce dernier et la résistance ont appelé au boycott. Aujourd’hui alors qu’à part César Ham, les candidats n’ont pas condamné le coup d’Etat, tous parlent de « paix » et d’« unité nationale », sentant qu’ils n’ont pas intérêt à aborder le thème du putsch tant ils l’ont accompagné, voire soutenu. Du coup, durant la campagne, on a parlé tranquillement d’emploi, d’éducation, d’économie ou de culture. Comme si de rien n’était. Tour d’horizon des candidats.

« Pepe » Lobo Sosa (Parti national)
Favori du premier tour dans les sondages. Il possède une grande expérience politique dans la mesure où il a été président du congrès entre 2002 et 2006. Battu par Manuel Zelaya en 2006, il fait partie de ceux qui ont appuyé son renversement. Trois jours avant le coup d’Etat, le Parti national faisait part de sa « solidarité aux forces armées ». Il a mené campagne sur le retour de la sécurité et l’emploi. Il promet de rétablir la paix à travers la signature d’un accord national regroupant tous les secteurs de la société. Y compris ceux qu’il a contribué à exclure ?

Bernard Martinez (Parti de l’Innovation et l’Unité social-démocrate)
Bernard Martinez est le premier candidat noir à une élection présidentielle au Honduras, d’où son surnom d’« Obama hondurien ». Social-démocrate, membre de l’Internationale socialiste, son parti a été prudent à propos du coup d’Etat. Bernard Martinez a reproché au président Manuel Zelaya d’avoir tenté des réformes constitutionnelles « avec désordre et indiscipline ». Il n’a jamais milité pour le retour du président renversé. Lui qui dénonce le bipartisme entre Parti libéral et Parti national aura de grosses difficultés à se faire une place.

Felicito Davila (Démocratie-chrétienne)
Il vient du mouvement syndicaliste ouvrier au sein duquel il fut très actif dans les années 80.Il est un opposant de la première heure à Manuel Zelaya et a fustigé ses tentatives de réformes constitutionnelles, l’accusant de vouloir éliminer les partis politiques et se représenter au poste de président alors que la Constitution ne le permet pas. Son parti n’a que très peu de chances de décoller.

Elvin Santos (Parti libéral)
Sans doute celui qui a le plus à perdre. Vice-président de Manuel Zelaya, Elvin Santos avait un avenir tout tracé. Sauf que lors du coup d’Etat, il a été aux premières loges et s’est désolidarisé du président pour rejoindre le camp des putschistes. Sentant la fracture au sein de la société, il a tardivement tenté de mettre dos à dos Manuel Zelaya et Roberto Micheletti en jouant la carte du renouvellement générationnel. Pas sûr que cela suffise, malgré de gros moyens de campagne pendant laquelle il a insisté sur le développement économique et l’esprit d’entreprise. Il est classé en deuxième position dans les sondages du premier tour, alors que le Parti libéral était avant le putsch le plus grand parti du pays. Depuis le coup d’Etat, de nombreux militants, cadres et élus du parti ont rejoint la résistance.

César Ham (Unification démocratique)
Il est le candidat qui a fait le plus parler de lui cette semaine. Engagé de la première heure dans la résistance contre le coup d’Etat, il a décidé, malgré l’appel du mouvement au boycott, de se lancer dans la bataille des urnes. Du coup, lui et son parti ont perdu toute légitimité auprès de la résistance qui les accuse de vouloir récupérer les voix des manifestants. L’UD est un petit parti, issu de la fusion de divers partis révolutionnaires. Il a très peu de chances de l’emporter. D’autant plus qu’il n’a que très peu mené campagne, du fait qu’il l’ait passée dans la rue. Sa principale revendication : l’assemblée constituante.

Au total, 4,7 millions de Honduriens sont appelés aux urnes pour élire le président de la République, 128 députés, 298 mairies et 20 députés du Parlement d’Amérique centrale. De nombreux pays ont d’ores et déjà affirmé qu’ils ne reconnaîtraient pas les résultats du vote.

L’un des enseignements viendra du taux de participation. Une forte abstention serait une victoire pour la résistance qui appelle au boycott de ces élections qui sont également un test pour mesurer l’influence dans l’opinion du mouvement populaire.

SÉBASTIEN MADAU

le 27 novembre 2009

UNE PARTIE DE LA GAUCHE PASSE OUTRE L’APPEL AU BOYCOTT

L’Unification démocratique participera bien aux élections de dimanche et s’attire les foudres de la résistance

La décision a été prise samedi : le parti de l’Unification démocratique (UD) a décidé de participer aux élections générales (présidentielles et locales) de dimanche prochain. C’est César Ham qui défendra les couleurs de l’UD après que 85% de l’assemblée nationale du parti a choisi cette voie.

La stratégie s’est très rapidement attirée les foudres de la résistance populaire qui lutte dans la rue contre le coup d’Etat militaire qui a renversé le président Manuel Zelaya le 28 juin dernier.

« Se battre contre la dictature dans les urnes »

Dans le même temps, des centaines de candidats indépendants, de l’UD et même du Parti libéral (auquel appartiennent à la fois Manuel Zelaya et Roberto Micheletti le président putschiste) ont officiellement retiré leur candidature. Même Maria Margarita Zelaya Rivas, la candidate du Parti libéral prétendante au poste de vice-présidente, s’est retirée.

En se lançant dans la bataille élective, l’Unification démocratique prend un énorme risque politique que la résistance n’a pas l’intention de lui pardonner.

Cette nouvelle est le premier accroc dans la bataille menée par le peuple hondurien pour le retour à la démocratie. Il avait réussi jour après jour à rassembler plusieurs secteurs professionnels, plusieurs générations et plusieurs horizons politiques autour d’un projet démocratique.

Carlos Reyes, le candidat indépendant qui lutte contre le putsch, avait lui retiré sa candidature le 8 novembre dernier. Un pas que n’a donc pas franchi César Ham.

Dans une interview à Radio Globo, le candidat de l’UD a estimé que la dictature devait se combattre dans les urnes. Et d’affirmer que la revendication principale de la résistance, à savoir l’Assemblée constituante, pouvait s’obtenir également à travers le scrutin de dimanche. Sauf que depuis des mois, la violence des auteurs du coup d’Etat a porté le conflit vers un point de non-retour. Entre la rue et les urnes, le mouvement populaire a choisi.

Jusque-là, l’UD n’a obtenu que de faibles scores sous ses couleurs lors des précédentes élections (entre 2 et 5%). Il serait très surprenant que la tendance change d’ici dimanche.

L’aspect juridique a également était avancé pour motiver ce choix, étant donné que l’Etat ôte le statut juridique à un parti si celui-ci ne se présente pas aux élections. Mais il y a bien longtemps que la logique de parti a disparu dans le pays et que la résistance s’est lancée dans un énorme processus de refondation de la société.

Les militants de base grillés

Par sa décision, la direction de l’UD risque par la même occasion de délégitimer le rôle joué par ses militants de base depuis le début du coup d’Etat, sans parler de la défaite électorale annoncée.

Et ce alors que le mouvement populaire et le président Zelaya ont appelé au boycott depuis des jours. « Pourquoi veulent-ils élire un président, si ce sont les forces armées qui l’enlèvent ensuite ? » a lancé en fin de semaine Manuel Zelaya qui a finalement décidé de renoncer à son poste de président, ne voulant pas être rétabli par la dictature et s’en remettant à la décision du peuple.

Le président constitutionnel a qualifié ces élections de « farces ». Mais visiblement, les farces ont aussi leurs partisans.

SÉBASTIEN MADAU

Source l'auteur
le 26 novembre 2009

LA RÉSISTANCE APPELLE AU BOYCOTT DES ÉLECTIONS ET MET LA PRESSION SUR UN CANDIDAT DE GAUCHE

Le choix entre la rue et les urnes

Depuis le coup d’Etat du 28 juin, la résistance refuse de reconnaître la légitimité du Gouvernement putschiste et a appelé au boycott des urnes, après avoir compris que Manuel Zelaya ne reviendrait pas au pouvoir avant cette date. Certes, le président ne se serait pas représenté, mais la résistance espérait que son retour permette que le vote se déroule dans la sérénité retrouvée.

Mais ce boycott ne risque-t-il pas de créer des divisions au sein du camp de la résistance au coup d’Etat ? C’est ce que l’on peut craindre depuis quelques jours avec la possibilité de voir un candidat de gauche, pourtant activement opposé au putsch, se présenter au scrutin, malgré l’appel au boycott lancé par la résistance.

En effet, parmi les six candidats déclarés avant le putsch, deux avaient tout de suite choisi de résister : Carlos H. Reyes (Indépendant) et César Ham (Unification démocratique).

Que va faire César Ham ?

Or, si Carlos H. Reyes (dont la candidature avait les faveurs de la résistance) a décidé de se retirer de la course à la présidence afin de ne pas cautionner le Gouvernement de Roberto Micheletti, César Ham ne s’est pas encore officiellement prononcé.

« Le président Zelaya n’a pas été restitué, nous ne sommes pas revenus à l’ordre constitutionnel et nous ne pouvons pas participer à des élections dans ces conditions. Pour nous, il est déjà trop tard » a déclaré le candidat Carlos H. Reyes le 8 novembre dernier au moment de l’annonce de son retrait.

Gros débat

En revanche, le silence de César Ham a mis le feu aux poudres, y compris chez des membres de son parti qui lui intiment de se retirer. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette attitude. Tout d’abord, la Constitution hondurienne ôte tout statut juridique à un parti politique si celui-ci ne se présente pas aux élections. L’UD risquerait ainsi de glisser vers la dissolution.

Du côté du mouvement de résistance, on crie plutôt à l’opportunisme en accusant César Ham de vouloir récupérer dans les urnes le mouvement populaire contre la dictature. Malgré ce risque, de nombreux élus de l’UD n’ont pas hésité et se sont spontanément retirés des élections locales, au nom de l’unité du mouvement.

L’Unification démocratique est un parti né en 1992 après la fusion de plusieurs partis révolutionnaires et du parti communiste. Il était jusque-là un parti à faible influence. Il se pourrait qu’au regard de l’histoire, il endosse pourtant une énorme responsabilité. Il reste quelques jours…

SÉBASTIEN MADAU

Source l'Auteur
Le 25 novembre 2009

QUAND L’HOMME S’EFFACE ET S’EN REMET AU PEUPLE

Alors qu’il a été renversé depuis près de 5 mois,Manuel Zelaya refuse d’être restitué par les instances putschistes

La résistance poursuit sa lutte dans la rue

Manuel Zelaya, le président constitutionnel du Honduras chassé du pouvoir par un coup d’Etat a annoncé son refus de revenir au pouvoir dans le cadre d’une négociation avec le pouvoir putschiste. Désormais, la lutte ne se concentre plus sur son retour au pouvoir mais bel et bien sur celui de la démocratie. Visiblement, Manuel Zelaya n’est pas prêt à se plier au bon vouloir des auteurs du coup d’Etat.

Ces derniers, à travers le « président » de facto Roberto Micheletti, se sont finalement assis sur l’accord San José/Tegucigalpa -qui officialisait le retour de Zelaya- après avoir tenté de retourner le texte en leur faveur.

L’annonce de Manuel Zelaya a été faite dans un courrier envoyé au président américain Barack Obama. « Je n’accepterais aucun accord de retour à la présidence qui cacherait le coup d’Etat (…) Nous sommes déterminés et décidés à lutter pour notre démocratie sans occulter la vérité et quand un peuple décide de lutter pacifiquement pour ses idées, il n’y a pas d’armes, pas d’armée, ni de manœuvres capables de le retenir ».

Appel au boycott des électionsLa décision du président Zelaya a été accueillie comme un acte de courage et d’intégrité par le mouvement de résistance qui multiplie les manifestations.

Les organisations appellent le peuple hondurien à boycotter les élections du 29 novembre prochain afin que ce scrutin ne se déroule qu’entre putschistes.

Désormais, la résistance défend bec et ongles sa revendication d’une assemblée constituante, une fois renversée la dictature.

La farce du congrès

En attendant, bien qu’il ait été sollicité voici plusieurs semaines, on vient d’apprendre que le Congrès a décidé de statuer sur le retour de Manuel Zelaya… le 2 décembre, soit trois jours après cette élection présidentielle. L’annonce, définie comme « une barbarie » par Manuel Zelaya, a été faite par José Alfredo Saavvedra, le président du Congrès.

On imagine le désordre que cela provoquerait au cas où, après l’élection d’un candidat ayant soutenu le coup d’Etat, le Congrès décidait de restituer le pouvoir à Manuel Zelaya. Ce scénario est impossible. Et c’est pour cela que le Congrès l’a choisi.

SÉBASTIEN MADAU

Source l'auteur
le 19 novembre 2009

UNE VICTOIRE " POUR CEUX QUI LUTTENT "

La visite en France d’un cardinal soutenant le putsch annulée

Une cérémonie qui devait voir le cardinal Oscar Andres Rodriguez Maradiaga se faire remettre les insignes de Doctor honoris causa par l’Institut catholique de Paris le 24 novembre prochain vient d’être annulée.

La nouvelle de sa décoration avait créé la polémique auprès de la résistance au coup d’État contre le président Zelaya et également du côté de ses soutiens en France.

« Cette décision est due aux fortes pressions exercées par les différents secteurs, au niveau national et international, rejetant la remise de cette reconnaissance à un des auteurs du coup d’État » a indiqué l’ambassade du Honduras en France, demeurée fidèle au président Manuel Zelaya et qui ajoute que le cardinal a été « accusé par diverses organisations honduriennes de délits de corruption et de malversation ».

Dès l’annonce de la remise de cette décoration par l’Institut catholique de Paris, le Gouvernement constitutionnel du Honduras avait sollicité le Gouvernement français en lui demandant de ne pas laisser entrer le cardinal sur le territoire français tout comme n’importe quel auteur du coup d’État.

« Nous remercions toutes les personnes qui ont pris part à cette lutte, qui a eu pour résultat une inestimable victoire pour le peuple hondurien et pour toute l’humanité » conclut l’ambassade du Honduras en France.

En attendant, la situation demeure bloquée sur place alors que des élections doivent se tenir le 29 novembre prochain. Pour le moment, la résistance appelle au boycott de ce qu’elle définit comme « un piège » et « une fraude généralisée ». Le président Manuel Zelaya a lui jugé illégitime ce scrutin alors qu’il a été victime d’un putsch le 28 juin dernier.

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 18 novembre 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud-est
* * / * *
Traducido al español por Ana López Ruiz (Tlaxcala)

UNA VICTORIA “PARA LOS QUE LUCHAN”
Anulada la visita a Francia de un cardenal que apoya el golpe

Acaba de ser anulada la ceremonia durante la cual el cardenal Óscar Andrés Rodríguez Maradiaga iba a ser investido Doctor Honoris Causa por el Instituto Católico de París el próximo 24 de noviembre.

La noticia de la concesión había creado polémica entre la resistencia al golpe de Estado contra el presidente Zelaya así como entre sus apoyos en Francia.

Esta decisión se debe a las fuertes presiones ejercidas desde diferentes sectores, a escala nacional e internacional, rechazando la concesión de este reconocimiento a uno de los autores del golpe de Estado”, ha indicado la Embajada de Honduras en Francia, que permanece fiel al presidente Manuel Zelaya y que añade que el cardenal ha sido “acusado por diversas organizaciones hondureñas de delitos de corrupción y malversación”.

Tras el anuncio de la concesión del título honorífico por parte del Instituto Católico de París, el gobierno constitucional de Honduras solicitó al gobierno francés que no permitiera la entrada del cardenal al territorio francés como a cualquier responsable del golpe de Estado.

Agradecemos su participación a todas las personas que han tomado partido en esta lucha, que ha tenido como resultado una inestimable victoria para el pueblo hondureño y para toda la humanidad”, concluía la Embajada de Honduras en Francia.

A la espera de acontecimientos, la situación permanece bloqueada en el país, mientras se preparan las elecciones que tendrán lugar el próximo 29 de noviembre. De momento, la resistencia apela al boicot de lo que definen como “una trampa” y un “fraude generalizado”. El presidente Manuel Zelaya, víctima del golpe el pasado 28 de junio, ha considerado ilegítima la votación.

Sébastien MADAU

Artículo original publicado el 18/11/2009 sobre el diario la Marseillaise (sur-este)

ELVIA ARGENTINA VALLE : " NOUS ALLONS CONTINUER À RÉSISTER "

Entretien avec une députée qui lutte contre le coup d’état au Honduras depuis le 28 juin

Les Accords signés entre le président Zelaya et les putschistes ne sont plus qu’un lointain souvenir. Le Congrès n’a toujours pas statué sur le retour du président élu et Robert Micheletti a créé un pseudo Gouvernement d’unité nationale uniquement avec des partisans du putsch. Le point avec la députée du Parti libéral Elvia Argentina Valle qui lutte contre le coup d’état.

Les supporters de Manuel Zelaya, malgré les putschistes,continuent de se mobiliser et de manifester pour la restitution du Président.

- Pour quelles raisons Manuel Zelaya avait décidé de signer cet accord ?
Le Président Zelaya et la chancelière Rodas, même quand ils ont reçu les pires humiliations, et nous aussi au Honduras, avons su nous battre pour retrouver la démocratie, pour éviter que ce qui s’est passé au Honduras le 28 juin ne se passe pas ailleurs. C’est la raison pour laquelle nous voulons en finir avec cet Etat répressif.

Tout de suite après le coup d’état, une résolution de l’Organisation des Etats américains a condamné le coup d’état et l’OEA a expulsé le Honduras dirigé par les putschistes. La résolution impliquait la restitution du président Zelaya dans les 72 heures. Sauf que ces résolutions ne sont pas coercitives. Aujourd’hui, il y a une impunité terrible, aucune enquête n’est réalisée sur les délits qu’ils commettent. Ils devraient être arrêtés et jugés mais le système les protège. Les représentants de Robert Micheletti n’ont jamais été sincères, ils n’ont jamais voulu que cette crise se résolve.

- Pourquoi la restitution n’a pas lieu ?
Parce qu’ils ont peur du président Zelaya ! On ne comprend pas pourquoi dans la mesure où la Cour suprême de justice, le Parquet, le Commissariat aux droits de l’homme, l’armée, la police sont du côté du putsch. Le président Zelaya se rendra compte de manière irréfutable des mauvaises manœuvres administratives de ces quatre derniers mois.

Dans l’accord, l’amnistie n’a pas été insérée mais nous savons que Micheletti a sollicité le médiateur Oscar Arias pour qu’il l’ajoute. Des députés ont admis que le Procureur les a contactés en leur disant que s’ils défendaient la restitution, ils seraient traînés devant la justice.

- Vous avez participé à la réunion du Congrès national qui devait voter ce rétablissement. De quoi avez-vous débattu ?
Il s’agissait de remettre une copie de l’accord. Ce fut en fait du spectacle car ils avaient déjà décidé de le transmettre à la Cour suprême de justice pour qu’elle statue. Nous avons protesté en disant que l’accord demandait de rétrocéder l’autorité du pouvoir exécutif dans son état antérieur au 28 juin et ce jusqu’à la conclusion de l’actuelle période de gouvernance, le 27 janvier 2010 (1). Et que la Cour suprême pouvait être consultée (en insistant sur « pouvaient »).

- Les députés soutenant le coup d’état étaient-ils prêts à voter le retour de Manuel Zelaya ?
Pas tous les parlementaires du Parti libéral (2). Certains ont peur d’être inquiétés par la justice et Roberto Micheletti. Mais ils ont aussi une grande pression de leurs électeurs qui en majorité exigent la restitution du président Zelaya et ont menacé de ne pas aller voter s’il ne revenait pas.

- Quel rôle les députés résistants du Parti libéral et ceux de l’Unification démocratique (gauche) vont-ils jouer ?
Nous allons continuer à résister, en défendant la restitution, en dénonçant les répressions de ce Gouvernement putschiste mais aussi en essayant de convaincre les différents secteurs de la société en disant que s’il n’y a pas la restitution, il n’y a pas d’élection. Dans un régime totalitaire, manipulé, répressif, militarisé, violeur des droits de l’homme, ces élections ne sont qu’une fraude généralisée. Ces élections ne doivent pas avoir lieu et si elles ont lieu, elles ne doivent pas être reconnues. Ce serait les pires élections que nous connaitrions.

Propos recueillis par SÉBASTIEN MADAU

NdA :
(1)
Les élections ont lieu le 29 novembre 2009 avec une passation de pouvoir officielle le 27 janvier 2010.
(2) Manuel Zelaya et Roberto Micheletti appartiennent au Parti libéral, qui s’est divisé depuis le putsch.

Article publié le 11 novembre 2009 sur le quotidien la Marseillaise (sud-est)

L'ACCORD DE FAÇADE DES PUTSCHISTES

Manuel Zelaya demande des comptes aux USA alors que les putschistes refusent d’appliquer l’accord

Voici une semaine que l’accord prévoyant la restitution du président Manuel Zelaya au pouvoir a été signé et toujours aucun changement à l’horizon. Manuel Zelaya est toujours réfugié dans l’ambassade du Brésil de la capitale hondurienne Tegucigalpa depuis le 21 septembre et ce alors que la période prévue par l’accord pour sa réinstallation est arrivée à échéance hier (5 novembre).

Alors que l’accord stipule dans son article 5, le rétablissement des organes du pouvoir exécutif tels qu’ils étaient avant le coup d’état du 28 juin, les putschistes estiment que la décision finale revient uniquement au Congrès.

Détail qui a son importance : c’est le Congrès lui-même qui avait avalisé la « destitution » de Manuel Zelaya et installé Roberto Micheletti.

Surenchère dans le camp du gouvernement putschiste

Pis, le gouvernement putschiste a écrit une lettre enflammée à José Miguel Insulza, secrétaire général de l’Organisation des États Américains (OEA) dans laquelle il lui « manifeste (sa) profonde inquiétude » après qu’il a déclaré à une radio chilienne que « l’unique sortie pacifique est le rétablissement du président Zelaya pour le peu de temps qu’il lui reste à la Présidence ».

De leur côté, les putschistes ne reculent devant rien. Alors qu’ils ont traîné des pieds durant des mois avant de signer quelque accord, les voilà en train de revendiquer la direction du futur gouvernement d’unité nationale qu’annonce l’accord signé vendredi dernier.

Dans un courrier envoyé au président Zelaya (voir l'édition), les auteurs du coup d’Etat semblent s’arroger le droit d’imposer les conditions de création de ce gouvernement en demandant une liste de 10 personnes au sein de laquelle une sélection sera faite. Manuel Zelaya a qualifié cette attitude « d’agression ».

Un courrier à Hillary Clinton

Devant cette confusion générale, Manuel Zelaya a adressé un courrier à la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton pour lui demander « si la position de votre pays a été modifiée ou changée au sujet de la condamnation du coup d'Etat ». Cette remarque intervient après l’intervention dans les médias du diplomate américain Thomas Shannon présent lors de la signature de l’accord qui avait estimé que le texte était déjà en vigueur (alors que Manuel Zelaya n’est toujours pas revenu au pouvoir !) et qu’il fallait désormais se concentrer sur les élections du 29 novembre prochain. Une éventualité toujours écartée par la résistance qui estime que le préalable doit être le rétablissement de Manuel Zelaya.

Les USA accusés de dévoyer l’accord

C’est dans cet esprit que Patricia Rodas, la chancelière du Honduras a accusé, depuis le Nicaragua, les USA de vouloir trahir l’accord alors qu’ils ont promis aux Honduriens la restitution du « président constitutionnel et qui d’un autre côté veulent maintenant des élections. Il ne va pas y avoir d’élections au Honduras, pas de légalité, ni de reconnaissance s’il n’y a pas de restitution ».

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 6 novembre sur le quotidien la Marseillaise (sud-est) P.40

LE PCF CONDAMNE LES MANOEUVRES CONTRE LE RETOUR DE LA DÉMOCRATIE AU HONDURAS


En s’opposant à la restitution dans ses fonctions du président élu du Honduras, le régime de facto issu du coup d’État du 28 juin dernier a fait échouer le retour de la démocratie. C’est une décision lourde de conséquences pour le peuple de ce pays.

Le Parti communiste français condamne cette violation des engagements pris après des négociations longues et difficiles.

Il s’agît, de toute évidence, d’une manœuvre de plus visant à mettre le peuple hondurien et la communauté internationale devant le fait accompli. C’est aussi une tentative d’imposer la tenue des élections, prévues pour le 29 novembre prochain, sous le contrôle d’un régime illégitime et autoritaire qui ne cherche qu’à pérenniser les privilèges d’une classe dominante en refusant des réformes pour plus de justice sociale et de démocratie.

Les objectifs sont clairs : écarter à tout prix la possibilité d’un gouvernement progressiste au Honduras et arrêter les avancées des forces progressistes en Amérique centrale.

Malgré les déclarations du président Barack Obama en faveur du retour du président légitime au Honduras, les États-Unis soutiennent les agissements du gouvernement de facto. Washington légitime ainsi le coup d’État et impose l’impunité des crimes commis durant ces mois de dictature.

Il est du devoir du gouvernement français et de l’Union européenne de ne reconnaître ni le gouvernement que Roberto Micheletti, dirigeant des putschistes, ni les élections tenues dans ces circonstances.

Une prise de position ferme et déterminée signifie la mise en place de sanctions telles que le gel des avoirs de ceux qui soutiennent le coup d’État au Honduras et l’exclusion de tout accord commercial ou de coopération de l’UE avec ce pays, ainsi que le soutien aux représentants du gouvernement du président Manuel Zelaya en Europe.

Le Parti communiste français réaffirme sa solidarité avec le peuple hondurien, avec le président légitime Manuel Zelaya et avec les forces démocratiques et progressistes qui luttent avec un grand courage pour le retour de la démocratie et de l’ordre constitutionnel.

Parti communiste français

Source : "le PCF condamne..." Paris, article publié le 6 novembre 2009

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TRADUCIDO AL ESPAÑOL POR MANUEL TALENS (Tlaxcala)

EL PARTIDO COMUNISTA FRANCÉS (PCF) CONDENA LAS MANIOBRAS CONTRA LA REINSTAURACIÓN DE LA DEMOCRACIA EN HONDURAS

Al oponerse a la restitución en sus funciones del presidente electo de Honduras, el régimen de facto surgido del golpe de Estado que tuvo lugar en ese país el pasado 28 de junio ha hecho fracasar la reinstauración de la democracia. Se trata de una decisión de graves consecuencias para el pueblo hondureño.

El Partido Comunista Francés condena esta violación de los compromisos alcanzados tras largas y difíciles negociaciones.

Se trata sin duda de una maniobra más para poner al pueblo hondureño y a la comunidad internacional ante unos hechos consumados. Es asimismo un intento de imponer la celebración de las elecciones, previstas para el próximo 29 de noviembre, bajo el control de un régimen ilegítimo y autoritario que únicamente busca eternizar los privilegios de la clase dominante mediante el rechazo de unas reformas destinadas a incrementar la justicia social y la democracia.

Los objetivos están claros: se trata de evitar a cualquier precio la posibilidad de un gobierno progresista en Honduras y de paralizar los avances de las fuerzas progresistas en Centroamérica.

A pesar de las declaraciones del presidente Barack Obama a favor del regreso del presidente legítimo a Honduras, Usamérica sostiene las maniobras del gobierno de facto. De esta manera, Washington legitima el golpe de Estado e impone la impunidad de los crímenes cometidos durante estos meses de dictadura.

El gobierno francés y la Unión Europea tienen el deber de negarse a reconocer tanto al gobierno de Roberto Micheletti, dirigente de los golpistas, como las elecciones que pudieran celebrarse en tales circunstancias.

Una toma de posición firme y determinada significa la puesta en marcha de sanciones, tales como la congelación de los bienes de todos aquellos que apoyan el golpe de Estado en Honduras y la exclusión de cualquier acuerdo comercial o de cooperación de la UE con ese país, así como el apoyo a los representantes del gobierno del presidente Manuel Zelaya en Europa.

El Partido Comunista Francés reafirma su solidaridad con el pueblo hondureño, con el presidente legítimo Manuel Zelaya y con las fuerzas democráticas y progresistas que luchan con suma valentía para la reinstauración de la democracia y el orden constitucional.

Partido Comunista Francés (PCF)

Fuente : PCF - "Le PCF condamne..."París,
Artículo original publicado el 6 de noviembre 2009

CE QUI RETARDE LE RETOUR DE MANUEL ZELAYA AU POUVOIR

Le Congrès refuse d’entériner le retour de Manuel Zelaya tant que la Cour Suprême ne se prononce pas

Peut-être trop beau pour être vrai. D’un autre côté, la situation était tellement bloquée depuis l’expulsion du président Manuel Zelaya du Honduras le 28 juin dernier, que la signature de l’Accord Tegucigalpa/San José vendredi dernier par les deux parties, poussait à l’optimisme quant au retour à l’ordre constitutionnel. Depuis vendredi, le mouvement de résistance au coup d’Etat se félicitait de la signature de l’accord tout en appelant à la prudence. Sa vigilance n’était pas superflue.

Les putschistes emmenés par Roberto Micheletti ne veulent plus se porter garants d’une des clauses de l’accord : la décision du Congrès qui doit décider le retour de Manuel Zelaya. Et ce en estimant que la restitution ne va pas de soi.

Mais désormais, c’est le Congrès qui renvoie lui aussi la balle dans le camp de la Cour Suprême. Pendant ce temps, Manuel Zelaya est toujours réfugié à l’ambassade du Brésil dans la capitale hondurienne.

L’exécutif du Congrès réuni ce mardi (3 novembre) pendant deux heures n’a pas consulté les députés présents et a donc décidé de solliciter la Cour Suprême pour qu’elle donne son avis. Et d’assurer que cet avis serait pris en compte lors de la décision finale du Congrès.
Une manifestation des partisans de Manuel Zelaya

Elvia Argentina Valle et Carolina Echeverria, députées du Parti Libéral soutenant Manuel Zelaya, ainsi que les députés du parti « Unification démocratique » (communistes, anticapitalistes) ont qualifié cette décision de « manœuvre dilatoire » de la part des putschistes.

José Miguel Insulza, le secrétaire général de l’Organisation des Etats Américains a demandé au Congrès qu’il « cesse de faire de la rhétorique » et qu’il installe, comme prévu dans l’accord, un gouvernement d’unité nationale avec Manuel Zelaya à sa tête. Et d’insister sur la responsabilité du Congrès, « car c’est lui, le 28 juin, qui a pris la décision de nommer Monsieur Micheletti ».

C’est sûr que dans ce dossier, le Parlement a été plus prompt à nommer le représentant des putschistes qu’à restituer l’ordre constitutionnel…

Quand Micheletti fait écrire une lettre à Zelaya

En revanche, un des points de l’accord est en train de se mettre en place puisque mardi s’est réunie pour la première fois la Commission visant justement à superviser son accomplissement.

Cette commission est composée de l’ancien président du Chili Ricardo Lagos Escobar, la secrétaire du travail des Etats-Unis Hilda Solís, le secrétaire aux affaires politiques de l’OEA Víctor Rico ainsi que Jorge Arturo Reina et Arturo Corrales représentants respectifs de Manuel Zelaya et Roberto Micheletti. La délégation aura notamment pour mission de faciliter la création du nouveau gouvernement auquel participeront des organisations de la société civile mais aussi l’exécutif qui était en place avant l’expulsion de Manuel Zelaya.

Sur ce point, Roberto Micheletti a fait adresser par un de ses « ministres » un courrier à Manuel Zelaya dans lequel il lui demande de lui remettre « une liste de dix citoyens (…) pour, parmi eux, procéder au choix des serviteurs publics qui à partir du 6 novembre auront à intégrer le Gouvernement d’unité et de réconciliation nationale ».

L’armée refuse d’être « le bouc-émissaire »
Au-delà des négociations sur la mise en œuvre de l’accord, Roberto Micheletti risque d’avoir à affronter à présent les réactions de l’Etat-major de l’armée. En effet, c’est elle qui avait expulsé Manuel Zelaya vers le Costa-Rica. Jusque-là, les putschistes « politiques » ne s’en étaient jamais plaints. Or, Roberto Micheletti vient d’affirmer que les auteurs de l’expulsion devaient être poursuivis !

Et comme Roberto Micheletti a signé dans l’accord l’impossibilité de recourir à l’amnistie, le chef d’Etat-major, le Général Romeo Vazquez, qui s’est toujours dit fidèle à Roberto Micheletti, se retrouve en première ligne.
« Une chose est claire » a-t-on lâché dans la hiérarchie militaire, « l’armée a accompli une mission le 28 juin. Quelqu’un nous a donné l’ordre et nous l’avons accompli. Notre intervention s’est arrêtée à ce moment. Ni le Général ni personne d’entre nous n’a participé ensuite au nouveau Gouvernement (…). Ce serait injuste que les politiques se mettent maintenant d’accord et que nous devenions les boucs-émissaires ». Les gradés ne sont visiblement pas prêts à payer seuls les accusations d’atteintes aux droits de l’homme de ces quatre derniers mois.

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 5 novembre 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud-est P.46

vendredi 27 novembre 2009

UN NOUVEAU COMBAT POUR LA DÉMOCRATIE

Le président Zelaya est rentré par surprise dans son pays

Après 86 jours d’exil, le président Manuel Zelaya a réapparu par surprise lundi dans l’enceinte de l’ambassade du Brésil. Après quelques hésitations, la nouvelle a bien été confirmée.

86 jours que les partisans de « Mel » attendaient ce moment. Eux qui chaque jour, ont du braver la répression de la police et de l’armée. Certains y ont même laissé leur vie.

Malgré le black-out médiatique sur place et les démentis, la nouvelle du retour du président a incité des milliers de honduriens à sortir et à se rendre autour du bâtiment de l’ambassade afin de le « protéger ». De sont côté, Manuel Zelaya est sorti quelques instants sur le toit de l’ambassade à Tegucigalpa où il a brandi un drapeau bleu et blanc du Honduras. « Je suis ici à Tegucigalpa. Je suis ici pour le rétablissement de la démocratie, pour lancer un appel au dialogue » a-t-il affirmé.

Des appels à apporter de la nourriture et de l’eau aux manifestants ont été lancés sur les radios alternatives qui ont réalisé durant tout le coup d’État un énorme travail d’information. Face à ce regain de mobilisation, le « président » putschiste Roberto Micheletti à demandé au président Lula de lui remettre « Manuel Zelaya afin qu’il puisse répondre de ses actes » après avoir estimé qu’il avait été démis de ses fonctions le 28 juin dernier « dans la légalité ». Juste après avoir décrété le couvre-feu, non respecté par les partisans de Zelaya, Roberto Micheletti a appelé la police et l’armée à se tenir prêtes en affirmant que « l’ex président était revenu au Honduras pour perturber les élections » présidentielles du 29 novembre prochain.

À ce propos, excepté la Gauche qui a elle-même subi la répression, tous les candidats déclarés à l’élection présidentielle n’ont abordé, et donc condamné, à aucun moment le coup d’État durant leur campagne électorale.

La troisième tentative a été la bonne

Manuel Zelaya avait été expulsé par l’armée le 28 juin dernier. Les putschistes lui reprochaient de vouloir organiser des consultations populaires visant à réformer l’appareil d’État hondurien. Il avait tenté à deux reprises de rentrer au Honduras, une fois par avion, une fois à pieds. En vain. À ce jour, on ne connaît pas précisément les conditions du retour de Manuel Zelaya dans son pays. Il semblerait qu’il soit arrivé au Salvador, où il se trouvait ce week-end. L’entourage du président parle d’un voyage à travers les montagnes et les traversées de rivières escorté seulement par quatre personnes. Après 86 jours de lutte et de manifestations, qui vont encore durer, les opposants au putsch demandent désormais la réunion d’une Assemblée constituante, confortés par la présence de « Mel ».

À présent, la tension risque de régner dans les rues du Honduras. Déjà isolés, sans visas pou quitter le pays, on se demande bien quelle voie vont choisir Roberto Micheletti et les instigateurs du coup d’État. La négociation de leur part semble la plus raisonnable. Car si Micheletti bénéficie de soutiens à droite et dans les milieux économiques, le président Zelaya a l’avantage d’avoir ses partisans dans la rue. Un réel rapport de force est en train de se créer.

GRANDE VIGILANCE

La nouvelle du retour de Manuel Zelaya Rosales, président du Honduras depuis 2006, a ravi tous les opposants au coup d’État qui frappait ce petit pays d’Amérique centrale depuis le 28 juin. Durant 86 jours, la résistance n’a cessé de lutter pour le retour de « Mel », le président constitutionnel. Beaucoup étaient des partisans du président, tous étaient des défenseurs de la démocratie.

En effet, l’expulsion du président élu a mobilisé plusieurs couches de la société hondurienne, qui n’avaient pas forcément l’habitude de revendiquer côte à côte, autour d’une vision de la société basée sur la démocratie et la participation citoyenne. Le désir de voir convoquée une Assemblée constituante a fait du chemin.

L’erreur des putschistes aura été de condamner Zelaya dès ses premières intentions, entraînant de fait le réveil des masses. Deux jours après le retour de Zelaya, rien n’est encore joué, ni gagné. On risque d’assister à de nombreux affrontements physiques et diplomatiques entre les deux camps. Mais un échec du coup d’État amoindrirait naturellement les velléités des groupes de la droite extrême séduits par l’exemple hondurien et qui auraient souhaité le reproduire dans d’autres pays d’Amérique latine dirigés par des gouvernements progressistes. Car c’est bien de ça dont il s’agit. En voulant renverser le pouvoir légitime, les putschistes ont voulu renverser en fait tout un élan émancipateur et un nouveau mode de développement. Pour l’heure, le déclic n’a pas eu lieu, mais la vigilance reste de mise.

SÉBASTIEN MADAU


Article publié le 23 septembre 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud est

LA VOIE DU DIALOGUE SEMBLE SANS ISSUE

L’Organisation des Etats Américains (OEA) a tenté en vain de convaincre les putschistes de signer les Accords de San José

Une délégation de l’Organisation des Etats Américains (OEA) a effectué une mission au Honduras en début de semaine avec pour objectif principal de convaincre le Gouvernement putschiste conduit par Roberto Micheletti d’accepter les Accords de San José, issus de la médiation du président costaricain Oscar Arias. Sans succès.

Les putschistes refusent une nouvelle fois la voie du dialogue alors que la semaine passée plusieurs instances avaient pointé du doigt les manquements aux respects des droits de l’Homme.

L’OEA « regrette » l’issue des négociations dans un communiqué lu par Bruno Stagno, le chancelier costaricain qui considère « indispensable » le rétablissement de l’ordre constitutionnel et le retour du président Zelaya.

Des organisations des deux camps ont été rencontrées durant ces jours passés au Honduras. Il semblerait que la trame générale du texte soit plutôt accueillie favorablement du côté des partisans de Zelaya, « même si beaucoup ont exprimé des réserves quant à l’amnistie ». Et on les comprend, tant la répression et l’impunité se sont installées dans le pays depuis maintenant deux mois. D’ailleurs, l’OEA a elle aussi fait part de « graves préoccupations pour la sécurité des partisans de Zelaya ».

Chez les partisans des putschistes, c’est plutôt « la crainte face aux conséquences pour la paix du retour de Manuel Zelaya ».

En tous les cas, du côté de Roberto Micheletti, l’arrogance est le meilleur allié de l’intransigeance. « Il va y avoir des élections, que vous les reconnaissiez ou que vous ne les reconnaissiez pas » a-t-il lancé à la délégation. Après le départ de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH), il avait déjà affirmé avoir « prouvé qu’il n’y avait pas de fleuve de sang » dans son pays.

La délégation de l’OEA était composée de son secrétaire général José Miguel Insulza mais venu à titre de simple membre de l’organisation ; les putschistes doutant de son « impartialité ». Il était accompagné des ministres des Affaires étrangères d’Argentine, du Canada, du Costa Rica, de la Jamaïque, du Mexique, de Panama et de la République Dominicaine.

Patricia Licona, vice-ministre des Affaires étrangères en exil a quant à elle répété que « le seul accord favorable au rétablissement de l’Etat de droit sera le rétablissement du président constitutionnel Manuel Zelaya ».

Un rétablissement qui passerait justement par les Accords de San José. Un texte jugé « équilibré » et qui permet « une sortie pacifique, démocratique, respectueuse de la Constitution et de la législation du Honduras pour parvenir à la réconciliation de la famille hondurienne ».

Les espoirs sont visiblement minces. D’ailleurs dès dimanche, la Cour Suprême du Honduras avait déjà rejeté les Accords de San José estimant que « n’importe quel arrangement de type politique qui proviendrait des Accords de San José, malgré son objectif d’aboutir à l’unité et la réconciliation nationale » devait se conformer « à la Constitution et les lois » honduriennes. Une manière pour les putschistes de se cacher derrière un organe d’Etat acquis à la cause du coup d’Etat depuis le 28 juin.

À noter que le Gouvernement américain a annoncé la suspension depuis mercredi des visas pour les Honduriens souhaitant voyager aux Etats-Unis et que l’octroi ne se ferait que dans les cas d’urgence.

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 28 août 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud-est

ARISTIDES MEJIA CARRANZA : “ LA PRIORITÉ C’EST LE RETOUR À LA DÉMOCRATIE "

Entretien exclusif avec, ARISTIDES MEJIA CARRANZA, Vice-président de la République du Honduras en exil, à l’occasion d’une visite officielle en France

Aristides Mejia Carranza est vice-président de la République du Honduras en exil. Il est de passage en France pour rencontrer des membres du ministère français des Affaires étrangères et des responsables de l’Union européenne. Il a accordé un entretien exclusif à "La Marseillaise". Au Honduras, les manifestants pro-Zelaya continuent de manifester contre le président putschiste.

- Avez-vous pu entrer facilement sur le territoire français étant donné que le représentant d’Interpol au Honduras a demandé de vous faire arrêter, vous ainsi que d’autres ministres pour des faits de corruption ?
C’est exact, mais il n’a aucune légitimité. Au Honduras, Interpol est représenté par un policier aux ordres d’un pouvoir illégitime qui n’est pas reconnu. Les autorités françaises ont été averties de mon arrivée et vous voyez, je n’ai pas été arrêté. J’ai été reçu par le ministère des Affaires étrangères avec une escorte officielle.

- Quelles sont les dernières informations provenant du Honduras ?
La situation se dégrade de jour en jour. Chaque manifestation subit la répression et des arrestations. La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) rentre du Honduras où elle a recueilli des déclarations de victimes d’arrestations et d’agressions. Le danger c’est que plusieurs médias ont été fermés. Du coup, les gens ne savent pas à quel point leur pays est isolé, politiquement et économiquement.

Heureusement, les putschistes perdent certains de leurs soutiens. Depuis deux semaines par exemple, la classe moyenne descend aussi dans la rue alors qu’elle était restée silencieuse jusqu’à présent.

- Les Accords de San José, présentés par le médiateur Oscar Arias, président du Costa-Rica, sont-ils selon vous une base solide de dialogue ?
Pour nous, oui. Une délégation de l’Organisation des Etats Américains (OEA) est allée au Honduras pour rencontrer le Gouvernement putschiste et essayer de lui faire accepter ces accords. Nous verrons bien, même si je n’ai pas beaucoup d’espoirs. Le président Zelaya a estimé que ces accords assuraient une solution diplomatique. Mais le Gouvernement putschiste de Roberto Micheletti n’accepte pas la première condition : le retour au pouvoir sans condition de Manuel Zelaya.

Quant à la question de l’amnistie, ils disent qu’ils demanderont aux différents pouvoirs de l’Etat (Congrès, Cour Suprême…) de statuer mais cela n’a aucune chance d’aboutir car ces organes ont eux aussi activement participé au putsch.

- Le 24 juillet, le président Manuel Zelaya a franchi la frontière avant de revenir au Nicaragua. Pourquoi ne tente-t-il pas une nouvelle incursion ?
Cette action a été réalisée dans le but de ne pas laisser tomber la résistance intérieure hondurienne. Mais deux dangers sont rapidement apparus : l’arrestation et l’assassinat. Nous avons décidé de poursuivre par la voie diplomatique mais nous sommes conscients que ces négociations s’épuiseront s’il n’y a pas de résultats positifs rapides.

- Le président Zelaya est-il en relation directe avec cette résistance intérieure ?
Tout à fait. Le président possède de nombreux soutiens au sein du Parti Libéral (le parti de Micheletti et de Zelaya, NdR) en plus de personnalités indépendantes, d’intellectuels, de syndicats ou de partis de gauche. Cette diversité a peut-être un projet de société qui comporte des différences, mais elle s’est réunie pour le rejet des putschistes, le retour de Manuel Zelaya au pouvoir et le rétablissement de la démocratie.

- Les élections présidentielles prévues le 29 novembre peuvent-elles finalement résoudre la crise ?
Il faut que le président Zelaya soit réinstallé pour que la transition se fasse dans de bonnes conditions (les élections doivent avoir lieu en novembre 2009 et l’installation du nouveau président en janvier 2010. Manuel Zelaya ne pourra pas se présenter car le mandat présidentiel n’est pas renouvelable, ndr). Or, dans ces conditions, les élections n’ont aucune légitimité. D’abord parce que le candidat du Parti Libéral Elvin Santos fait partie de ceux qui ont participé au coup d’Etat. Ensuite parce que des candidats comme celui de gauche César Ham ont déjà été agressés.

Les conditions d’une vraie démocratie ne sont pas réunies pour ces élections. Il faudrait que le futur gouvernement soit libre de rassembler le peuple après les élections sur la question de la réconciliation nationale. C’est impossible à imaginer aujourd’hui.

- Le 28 juin, tout est parti du refus de l’armée d’installer une quatrième urne lors d’élections. Cette urne visait à consulter le peuple sur des réformes éventuelles. Cette consultation est-t-elle toujours d’actualité ?
La quatrième urne a été rejetée par les putschistes parce qu’ils ne veulent pas changer de système politique alors que les manifestants disent que c’est nécessaire. Le processus n’est pas mort. Au contraire, il est encore plus d’actualité. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le plus important. Le plus important c’est le rétablissement de la démocratie, des élections dans de bonnes conditions et le départ des putschistes.

- Le Honduras est un petit pays, mais l’affaire a pris une énorme ampleur en Amérique latine.
Ce n’est pas uniquement un problème hondurien. Le risque c’est que notre pays devienne un mauvais précédent. Si le coup d’Etat du Honduras persiste, certains groupes pourront envisager de faire de même dans leur pays, si leur président ne leur plait pas. C’est pour cela qu’il faut en finir avec ce régime putschiste.

Propos recueillis par SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 27 août 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud-est

UN ATERRISSAGE QUI EMBARASSE LES ÉTATS-UNIS

Les États-Unis avouent que l’avion qui a expulsé le président Zelaya a fait escale dans la base américaine près de la capitale hondurienne

La nouvelle a été confirmée par le Département d’Etat américain : le 28 juin dernier, une fois que le président Manuel Zelaya a été renversé, l’avion qui l’a expulsé au Costa-Rica a fait une escale par Palmerola, la base militaire américaine située au Honduras.

Dès son expulsion, le président Zelaya avait indiqué que son avion s’était posé quelques instants sur cette base stratégique. A ce moment, Washington avait choisi de ne pas communiquer, avant de finalement admettre.

L'avion qui a expulsé Manuel Zelayaa fait une escale à la base militaire américaine de Palmerola.

Philip Crowley, porte-parole du Département d’Etat a reconnu cette semaine que la base avait été utilisée sans la collaboration du personnel militaire américain. Selon lui, « le personnel militaire n’a pas été impliqué dans le vol qui a transporté le président Zelaya au Costa-Rica le 28 juin » en ajoutant que les militaires américains « n’avaient pas connaissance et n’ont pas collaboré aux décisions d’atterrissage, au chargement de combustible et au décollage ».

Un brin gêné, Washington tente de se justifier en indiquant que « la base appartient au Honduras. Elle est dirigée et organisée par la force aérienne hondurienne et ce sont eux qui décident de son utilisation ». Et d’affirmer que toute collaboration militaire avec le Honduras avait été stoppée depuis le coup d’Etat.La base se trouve à Comayagua, à 70 kilomètres au nord-est de la capitale Tegucigalpa. Plus de 600 militaires américains y sont postés, officiellement pour lutter contre le narcotrafic.

Aussi, il est plutôt étrange, connaissant l’intransigeance de l’armée américaine lorsqu’elle le veut, de penser que l’atterrissage d’un avion sur sa base ait pu se faire par surprise. On peut également se demander le rôle joué par les 600 militaires au Honduras depuis ce fameux 28 juin.

Les bases US postées en Amérique latine. Cette information intervient à un moment où de nombreuses tensions existent entre Cuba, le Nicaragua, la Bolivie, l’Equateur et le Venezuela d’un côté et la Colombie de l’autre au sujet de la future installation de bases américaines sur le sol colombien. Le président Alvaro Uribe est sur le point de signer un accord avec Barack Obama pour que des forces armées américaines s’installent dans son pays. « Il s’agit des Yankees, la nation la plus agressive de l’histoire de l’humanité » a réagi Hugo Chavez. « Au lieu d’envoyer plus de soldats, plus d’avions, plus de dollars, plus d’hélicoptères et plus de bombes en Colombie pour qu’il y ait plus de guerres et plus de morts, Obama ferait mieux de les retirer ».

En attendant, après des voyages au Brésil, au Chili et en Equateur, le président Zelaya s’est rendu mercredi au Pérou pour rencontrer le président Alan Garcia. Il en a profité pour indiquer au sujet des accusations des putschistes sur son désir de se représenter que « dans mon gouvernement, cette possibilité n’a jamais été proposée. C’est une invention à eux pour justifier leur coup d’Etat ». Il a expliqué que son souhait était « de procéder à des changements dans la politique de ce pays pour mettre fin aux problèmes de pauvreté ».

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 21 août sur le quotidien la Marseillaise (sud-est) P29

BRUIT DE BOTTES DANS TOUT LE PAYS

ARRESTATIONS ET RÉPRESSIONS SE MULTIPLIENT
Une ONG publie une liste de « plus de 101 homicides » durant les couvre-feux


Depuis lundi, une délégation du Comité Interaméricain des Droits de l’Homme (CIDH) est en visite au Honduras afin de constater la situation de tension depuis le coup d’Etat du 28 juin. Plusieurs organisations honduriennes devraient lui remettre des rapports.

La mission durera jusqu’à vendredi, mais le CIDH a déjà publié une liste de 85 personnes devant obtenir des « mesures de protection » spéciales pour être directement menacées. Parmi elles, Patricia Rodas, ministre des affaires étrangères en exil, les leaders du mouvement social Juan Barahona et Rafael Alegria, la famille du président Zelaya ainsi que des journalistes.

Le constat risque d’être accablant pour le Gouvernement putschiste dirigé par Roberto Micheletti. Retour vers les systèmes répressifs des années 70 ?

Lors de l’arrivée des grandes marches populaires dans la capitale mercredi dernier, de violents heurts avaient eu lieu. Le Front annonce que 24 personnes arrêtées ce jour là sont toujours emprisonnées dans des conditions « illégales ».

Au début du mois, une Mission internationale de solidarité, d’observation et d’accompagnement à laquelle participait la Française Claire Chastain, membre de la direction du PCF, a observé « que de nombreuses femmes ont été victimes de violence policière et militaire, et nous avons recueilli des témoignages de manifestantes qui ont été maltraitées et frappées brutalement (des coups à caractère sexuel ont été reportés ainsi que des menaces de viols) ».

Quant à Berta Oliva, du Comité des familles des détenus et disparus du Honduras, une ONG créé en 1982, elle affirme que « des jeunes, y compris mineurs ont été arrêtés et certains ont disparu » parfois dans « des lieux non traditionnels ou illégaux pour quelque détention que ce soit ».

Ces propos font obligatoirement repenser aux systèmes répressifs enclenchés dans les années 70 lors des dictatures militaires d’Amérique latine.

Publication d’une liste de plus de 100 morts.

Jusqu’à présent, les observateurs ont pu décompter les manifestants tués lors des mobilisations. Mais, il semblerait que le bilan soit bien plus lourd.

C’est en tous les cas ce que soutient le Comité pour la défense des Droits de l’Homme au Honduras (CODEH) qui a publié une liste de « plus de 101 homicides » qui auraient eu lieu « les jours de couvre-feu » à un moment où « l’armée et la police avaient le contrôle total et absolu des rues du pays ». La liste que nous nous sommes procurées comprend le nom des victimes, la date de l’autopsie, l’âge, la profession, le lieu, l’heure et les causes de la mort ainsi que les circonstances, la plupart par armes à feu. L’ONG n’accuse pas directement les autorités comme auteurs des faits mais le constat suffit pour faire part du climat ambiant.

De nombreux signaux d’alarme ont été tirés depuis le Honduras pour dénoncer les violations des Droits de l’Homme. Malgré la condamnation du coup d’Etat par la communauté internationale, les putschistes ont les clés du pays depuis plus de 50 jours. Une éternité pour les manifestants qui reçoivent coups et tirs en guise de réponse à leurs aspirations de démocratie.

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 19 août 2009 sur le quotidien La Marseillaise sud-est

" NOUS AVONS PERDU 300 MILLIONS DE DOLLARS EN 5 SEMAINES "

Les putschistes sont en train de favoriser un désastre économique et social. La banque centrale tire la sonnette d’alarme


Depuis le 28 juin, de nombreuses manifestations se développent dans tout le Honduras afin de demander le retour du président Manuel Zelaya, qui est en ce moment en visite au Chili. Pour l’heure, les putschistes conduits par Roberto Micheletti ont uniquement montré leur intransigeance et n’ont pas hésité à réprimer les mobilisations.

Du coup, la vie économique et sociale du pays est complètement stoppée. De nombreux services ne sont plus assurés. Une situation qui commence à inquiéter les nombreux observateurs.

De nombreuses manifestations se développent dans tout le Honduras afin de demander le retour du président Manuel Zelaya.

En début de semaine, Edwin Araque, le président de la Banque Centrale du Honduras a affirmé sur Télésur que le gouvernement proclamé « était en train de couler l’économie hondurienne et le peuple hondurien vers plus de pauvreté et plus de misère ».

Depuis le départ de Manuel Zelaya il a constaté « une chute drastique du niveau des réserves monétaires ». En effet, « avant le coup d’Etat, le niveau moyen des réserves monétaires du Honduras était de 2.500 millions de dollars. Cinq semaines plus tard, elles ont baissé jusqu’à un niveau de 2.150 millions (…) On a perdu plus de 300 millions de dollars ». D’où les menaces de « récession économique qui va dépasser les 2% du PIB à la fin de l’année » a déploré Edwin Araque.

Dans les hôpitaux, plusieurs personnes auraient constaté le manque de réapprovisionnement en médicaments et de nombreux travailleurs se plaignent des retards de salaires.

Les putschistes indiquent de leur côté que ces problèmes sont dus à la crise économique…

Au début du mois de juillet, plusieurs multinationales avaient déploré la paralysie du pays, depuis le coup d’Etat.

Nike dénonce les atteintes aux libertés !

Nike, Adidas, Gap et Knights Apparel avaient publié une lettre ouverte commune à la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton dans laquelle ils estimaient que « les désaccords devraient être résolus à travers le dialogue pacifique et démocratique, au lieu de l’action des militaires (…) Même si nous ne soutenons, ni ne soutiendrons la position d’aucune des deux parties (…) nous sommes préoccupés par la poursuite de la violence, si ces désaccords ne se résolvent pas immédiatement, et par les restrictions aux libertés individuelles ».

Il semblerait qu’aujourd’hui, une partie non négligeable du secteur économique demande le retour au calme, qui passe par le retour du président Zelaya. Les auteurs du coup d’Etat ne possèdent comme soutien que quelques grands industriels, partisans de la première heure du putsch et qui critiquent depuis de long mois le rapprochement du Honduras avec le Vénézuela d’Hugo Chavez ainsi que la décision de Manuel Zelaya d’augmenter de 60% le salaire minimum dès son arrivée.

Quant au Front national contre le coup d’Etat, il a appelé à l’étranglement économique de ces industriels et a lancé le 1er août un appel au boycott. « La grève et le boycott commercial sont des armes effectives pour user les bases économiques des putschistes, plus que les déclarations formelles ». Et d’appeler à « réaliser des actions envers tous les produits qui entrent et sortent des ports honduriens afin d’asphyxier économiquement la dictature ».

SÉBASTIEN MADAU


Article publié le 15 août 2009 sur la Marseillaise sud-est

LA RÉPRESSION MILITAIRE AU TOURNANT

Plus de 10.000 personnes ont manifesté dans la capitale. Marvin Ponce, député de gauche, a été grièvement blessé puis arrêté

Mercredi, environ 10.000 personnes ont manifesté dans la capitale hondurienne Tegucigalpa lors de l’aboutissement des marches « définitives » pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel et de la démocratie. Il s’agit de la plus grande manifestation de soutien au président Manuel Zelaya depuis celle du 5 juillet dernier à l’aéroport où son avion avait été empêché d’atterrir par les forces de l’ordre. « Ils ont peur parce que nous n’avons pas peur » a lancé à la foule la fille du président Zelaya.

Sans surprise, à son arrivée le cortège a été attaqué par la police et l’armée alors qu’il s’approchait du palais présidentiel et du Congrès. Lors de ces marches populaires de plusieurs centaines de kilomètres, aucun incident notable n’avait été constaté. On dénombre au final au moins une quarantaine d’arrestations et de nombreux blessés dont Marvin Ponce, député du Parti d’Unification Démocratique (communiste, anticapitaliste). Il a été grièvement blessé avant d’être arrêté par la police.

L’attaque du cortège a eu lieu aux alentours de 13h30, heure locale, alors que le cortège s’approchait de lieux stratégiques du pouvoir. Des heurts ont également eu lieu à l’université où la protestation grandit de jour en jour.

Plusieurs manifestants ont également dénoncé des « provocations » au sein des cortèges de la part « d’agents de la police infiltrés ». Les locaux de l’organisation paysanne Via Campesina, opposée au coup d’Etat ont également été attaqués dans la soirée de mardi.

Les autorités accusent les manifestants d’avoir mis le feu à un autobus et à un restaurant lors de la dispersion du cortège. Du coup, le Gouvernement a décidé de rétablir le couvre-feu dans la capitale entre 22h et 5h du matin.

Carlos Eduardo Reina, un des leaders du Front national contre le coup d’Etat, a indiqué que les putschistes « ne pourront faire aboutir leur coup d’Etat car la réalité c’est que notre peuple exige des changements ».

Depuis le Brésil, où il a rencontré le président Lula pour réfléchir sur « les alternatives et les prochaines étapes pour consolider le rejet international » du coup d’Etat, Manuel Zelaya a demandé une nouvelle fois aux Etats-Unis « une position plus ferme dans le sens où ces attaques à la démocratie ne peuvent pas se répéter ».

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 14 août 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud-est

L’ARRIVÉE DES « GRANDES MARCHES DÉFINITIVES »

Les manifestations populaires ont commencé à affluer hier dans la capitale Tegucigalpa

Les marches populaires destinées à mobiliser les partisans de Manuel Zelaya ont commencé à arriver hier à Tegucigalpa ainsi qu’au nord à San Pedro Sula. Difficile d’estimer le nombre de participants ayant rejoint cette « grande marche définitive » pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel.

Le cortège était conduit par Xiomara Castro de Zelaya, l’épouse du président qui doit rencontrer aujourd’hui son homologue brésilien Lula. « Ils ont séquestré le peuple du Honduras en le manipulant » a-t-elle déclaré devant le Palais présidentiel en appelant à « continuer la lutte pour les transformations sociales de notre pays ». La fille du président, Xiomara Hortenzia Zelaya, a elle indiqué que « la résistance se poursuivrait jusqu’au retour du président et se maintiendrait même après ».
Au sujet de la fameuse quatrième urne, destinée à consulter le peuple sur des réformes sociales, elle a estimé que cela n’était plus « une initiative de Zelaya mais bien du peuple ». Un message adressé aux putschistes qui avaient renversé le président notamment pour avoir voulu organiser cette consultation.

Au cœur du cortège, Carlos Reina, un des coordinateurs du mouvement a assuré que « nous tiendrons le coup et que les putschistes ne seront pas tranquilles tant que le président ne rentrera pas ».

« Le Honduras n’est plus un peuple silencieux »

Quant au député Edmundo Lorellana (Parti Libéral) il a choisi de boycotter le Congrès pour se consacrer aux manifestations. « J’ai refusé d’assister aux sessions parce que le Congrès a violé la Constitution en supprimant un Pouvoir de l’Etat, en renversant le Président de la République » a-t-il indiqué à la Marseillaise, « Assister aux sessions serait accepter ce Gouvernement. J’ai annoncé que j’y retournerai quand le Congrès réinstallera à la présidence Manuel Zelaya, celui qui a été élu par le peuple ». Et d’appeler les députés à « éviter de légitimer le coup d’Etat » et de « s’activer de manière militante dans la résistance ».

La bataille pour le retour de Manuel Zelaya comporte deux aspects : diplomatique et social. Manuel Zelaya défend l’idée d’une « insurrection pacifique ». Il a dernièrement espéré que « la raison l’emporte sur la force » tout en réaffirmant avoir « le droit constitutionnel à résister à l’oppression par toutes les armes permises par notre système pacifique et démocratique, mais avec l’insurrection comme premier élément pour la défense de nos droits ». Et de préciser que « si les coups d’Etat des groupes de droite commencent à surgir en Amérique, les peuples auront aussi le droit à choisir leur voie pour se défendre ».

Le député Javier Hall défend lui aussi la voie pacifique. « Nous considérons que la résistance civique pacifique avec l’aide de la communauté internationale sera efficace » a-t-il indiqué à notre rédaction en estimant que les fruits seront bientôt récoltés. « Ce que le Honduras a déjà gagné après avoir été un peuple silencieux qui ne protestait jamais, c’est qu’aujourd’hui il a levé la voix de l’espérance, et nous ne nous arrêterons pas tant que nous n’aboutirons pas à la victoire qui sera un véritable changement social ».

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 13 août 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud-est

L’HOMME QUI NE FAIT PLUS CONFIANCE AU LIBÉRALISME

Portrait:
Manuel Zelaya est bien malgré lui au cœur de l’actualité, depuis qu’il a été expulsé du Honduras par un coup d’Etat

Depuis le 28 juin, le monde a fait plus ample connaissance avec Manuel Zelaya, le président du Honduras. Bien malgré lui, puisque c’est à la suite d’un coup d’Etat que les projecteurs se sont penchés sur cette homme à l’imposante moustache et au chapeau vissé sur la tête.

Mais qui est réellement Manuel Zelaya ? Un leader charismatique de la gauche latino-américaine dans la lignée des Castro et Chavez ? C’est en fait beaucoup plus complexe.

Jusqu’à 2007, Manuel Zelaya, aujourd’hui âgé de 57 ans, était plutôt placé au centre-droit de l’échiquier politique.

FILS DE PROPRIÉTAIRE TERRIEN

Manuel Zelaya est fils d’un propriétaire terrien et s’est longtemps occupé de ses exploitations.

Il s’engage au sein du Parti libéral en 1970 et devient un élément central de la vie politique. Elu à la présidence en décembre 2005, il met en place un plan de lutte contre l’insécurité, les gangs et le chômage. Le pays est l’un des plus pauvres de la planète et comme souvent à droite, on prône la rigueur.

Mais en 2007, Manuel Zelaya entame une série de virages à gauche. Il fait adhérer son pays à l’ALBA (Alternative Bolivarienne pour les Amériques), ce traité de coopération lancé par Cuba et le Vénézuela afin de trouver « les meilleurs alternatives possibles aux problèmes historiques du pays ».

ADHÉSION À L’ALBA

Son credo : la loi de participation citoyenne, impliquant la population dans la gestion du pays à travers un forum national participatif et un conseil national anticorruption. C’est à ce moment que les dents commencent à grincer, y compris dans son camp.

Manuel Zelaya fait voter par le Congrès un accord avec Petrocaribe, la compagnie pétrolière vénézuélienne qui lui permet de recevoir dès le départ 20000 barils par jour à crédit.

Manuel Zelaya s’affranchit aussi de l’allié historique américain et affirme n’avoir dû demander « la permission à aucun impérialisme » pour adhérer à l’Alba qui promeut « le socialisme du sud ». Il annonce « l'installation de la troisième République, le retour à la planification d'Etat pour favoriser la croissance et le développement » en défendant un « libéralisme socialiste pour que les bénéfices du système aillent à ceux qui en ont le plus besoin ».

Du coup, Manuel Zelaya reçoit le soutien des forces sociales et politiques de gauche qui jusque-là n’avaient pas hésité à être critiques mais s’attire les foudres de l’oligarchie qui le renverse le 28 juin dernier. Ce qui dérange en fait, c’est que Manuel Zelaya a pour ambition de refonder la société en passant par la consultation populaire et une Assemblée constituante.

Le président Zelaya a réussi à mobiliser de nombreuses forces sur un vrai projet de société.

L’homme a, au fil des ans, perdu la confiance qu’il avait envers le libéralisme.

« Je pensais pouvoir procéder à des changements au sein du système néolibéral, mais les riches ne lâchent rien de leur fortune. Ils veulent tout pour eux. Donc logiquement pour changer les choses, il faut impliquer le peuple » (1) indiquait-il à la veille de son expulsion.

(1) El Pais, 28 juin 2009.

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 12 août 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud-est

DES MARCHES POPULAIRES POUR RAMENER LA DÉMOCRACIE

D’immenses manifestations doivent converger aujourd’hui pour soutenir le président Zelaya

Depuis mercredi, des dizaines de milliers de manifestants poursuivent leur marche nationale de résistance populaire qui devrait arriver aujourd’hui. Partis de plusieurs points du pays, ils se dirigent à pied vers San Pedro Sula et la capitale Tegucigalpa. Ces mobilisations auront valeur de test pour les partisans du président Manuel Zelaya en résistance depuis 45 jours maintenant.

Une grève illimitée a été décrétée par les trois centrales syndicales honduriennes.

De plus, ce week-end, les secteurs de la santé, l’énergie, l’éducation, la météo, les transports aériens ou les taxis ont participé en masse au mouvement. On estime par exemple à 50.000 le nombre d’enseignants engagés dans la grève.

GRÈVE ILLIMITÉE

« C’est une marche de tous les mouvements sociaux dont le point d’orgue sera ce mardi (lire aujourd’hui, ndr) dans la province de El Progreso, nous y attendons d’autres camarades d’autres provinces. Pour le moment, cette marche n’a pas été réprimée car nous marchons sur le bord des routes. Nous verrons bien mardi à l’heure des bilans » a indiqué à la Marseillaise le député du Parti Libéral Javier Hall Polio durant la manifestation. Car la répression Javier Hall l’a subie personnellement. C’était le 30 juin lors d’une manifestation. « Nous avions bloqué un pont stratégique du point de vue économique. La police et l’armée nous ont lancé des bombes lacrymogènes, ont tiré en l’air et nous ont frappé, femmes et vieillards. Des partisans de Micheletti ont ensuite tiré et blessé deux personnes, dont moi à la tête en plus des coups que j’ai reçus sur le corps ». En attendant, le député libéral souligne « le lien très fort entre les élus opposés au coup d’Etat et tout le mouvement social hondurien ».

Au niveau des revendications, le leader paysan Rafael Alegria a appelé à poursuivre la lutte en émettant des réserves quant aux Accords de San José, fruits de la médiation du président costaricain Oscar Arias. « Nous n’acceptons pas que les Accords de San José signent le renoncement à la convocation d’une Assemblée nationale constituante ».

Ce week-end, Mabel Marquez Vijil, de l'organisation Via Campesina Honduras, indiquait à notre rédaction que « le pays se trouve presqu'entièrement paralysé. Très peu d'entreprises fonctionnent, surtout dans le secteur privé. Malgré ça, les autorités putschistes, à travers leurs moyens de communication à leur service, sont en train de dire à la population que tout est normal et qu'il ne se passe rien ».

Et pourtant…

Les putschistes refusent d’accueillir l’OEA

Roberto Micheletti, président proclamé depuis le putsch, a indiqué ce dimanche qu’il refusait d’accueillir au Honduras une mission de l’Organisation des Etats Américains en raison du « manque d’impartialité », notamment de José Miguel Insulza, le secrétaire général. La mission était attendue demain. Elle devait être conduite par José Miguel Insulza pour « promouvoir le rétablissement de l’ordre démocratique » et être composée des ministres des affaires étrangères du Canada, Costa Rica, Jamaïque, Mexique et République Dominicaine. José Miguel Insulza avait assuré que l’OEA pouvait effectuer une « plus grande pression » sur les putschistes même s’il privilégiait la solution négociée. Ce que ne souhaitent visiblement pas les putschistes…
De son côté, le président Manuel Zelaya a appelé à une résolution de la crise en urgence et assuré que l’OEA était en train de « risquer son prestige ». Et de regretter « la lenteur avec laquelle on s’active sur le cas de notre pays ». Il s’est également adressé à Barack Obama après que le président américain a déclaré qu’il ne pouvait pas « appuyer sur un bouton pour le restituer ». Manuel Zelaya a rappelé les accords économiques et commerciaux liant les deux pays. « Si on était d’accord pour en finir avec ce coup d’Etat, en quelques minutes, on laisserait au président Obama la possibilité de le faire ». Des propos qui confirment les suspicions de Manuel Zelaya envers des lobbys aux Etats-Unis qui agiraient en coulisses.

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 11 août 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud-est