Après la répression militaire qui a fait deux morts parmi ses partisans,
le Président expulsé Manuel Zelaya rencontre Hillary Clinton
La situation politique au Honduras s’aggrave depuis dimanche après que Manuel Zelaya, le président destitué par un coup d’Etat militaire, n’a pas été autorisé dimanche à atterrir sur l’aéroport de la capitale. Son avion a dû atterrir au Salvador après une escale au Nicaragua.
Pour raisons de sécurité, aucun président latino-américain n’était monté à bord, comme un temps prévu. José Manuel Zelaya a indiqué qu’il tenterait une nouvelle fois de se rendre dans son pays cette semaine en appelant la population à ne prêter aucune « obéissance à ce gouvernement usurpateur ».
Hier, c’est vers Washington qu’il devait s’envoler afin d’y rencontrer la secrétaire d’Etat Hillary Clinton.
Bilan : deux morts
Dimanche, des centaines de partisans de Zelaya ont été blessés lors d’une sanglante répression et deux personnes ont été tuées lors de heurts avec l’armée aux abords de l’aéroport où environ 30.000 personnes étaient venues l’accueillir. La répression a été condamnée par la Maison Blanche.
Manuel Zelaya, qui avait été expulsé de son pays par l’armée la semaine dernière, a appelé au calme et demandé à l’armée de ne plus faire usage des armes. Il se serait même engagé à ne pas procéder au référendum qu’il voulait organiser et qui avait suscité cette levée de boucliers des militaires. Le référendum voulait consulter le peuple sur la possibilité de renouveler le mandat présidentiel.
Pour le moment, rien n’y fait. Roberto Micheletti, mis en place par le Parlement, a indiqué qu’en cas de retour de Zelaya, il serait tout de suite arrêté et poursuivi « pénalement » pour « trahison » l’accusant de ne pas avoir appliqué des lois votées par le Parlement national.Le nouveau pouvoir en place, maintenu par l’armée, manque visiblement d’arguments et se retrouve de plus en plus isolé face à la communauté internationale.
L’OEA a exclu dimanche le Honduras de ses rangs et l’organisation des Nations-Unies a appelé au rétablissement de « l’ordre constitutionnel ». De nombreux présidents latino-américains (Chavez, Correa, Funes, Kichner, Castro, Ortega…) demeurent aux côtés de leur homologue.
Manifestations en France
Plusieurs manifestations de « soutien à la démocratie » ont eu lieu à Paris à l’appel d’organisations progressistes devant l’ambassade du Honduras. Une autre se tiendra ce soir.
Les ambassadeurs en France des pays membres de l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA) dont fait partie le Honduras depuis 2007, ont pris position publiquement en dénonçant « le coup d’état (…) dirigé contre l’aspiration de la citoyenneté du Honduras à être prise en compte à travers un processus de consultation et des formes d’expression démocratiques ».
Et aux ambassadeurs de Bolivie, Venezuela, Equateur et Cuba de demander « aux peuples latino-américains et européens de se prononcer en condamnant cette vile tentative de faire prévaloir la force et l’obscurantisme sur le droit qui assiste le peuple du Honduras à prendre ses propres décisions libres et souveraines en accord avec son ordonnance constitutionnelle ».
SÉBASTIEN MADAU
Article publié sur le quotidien la Marseillaise sud-est
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