samedi 28 novembre 2009

UNE PARTIE DE LA GAUCHE PASSE OUTRE L’APPEL AU BOYCOTT

L’Unification démocratique participera bien aux élections de dimanche et s’attire les foudres de la résistance

La décision a été prise samedi : le parti de l’Unification démocratique (UD) a décidé de participer aux élections générales (présidentielles et locales) de dimanche prochain. C’est César Ham qui défendra les couleurs de l’UD après que 85% de l’assemblée nationale du parti a choisi cette voie.

La stratégie s’est très rapidement attirée les foudres de la résistance populaire qui lutte dans la rue contre le coup d’Etat militaire qui a renversé le président Manuel Zelaya le 28 juin dernier.

« Se battre contre la dictature dans les urnes »

Dans le même temps, des centaines de candidats indépendants, de l’UD et même du Parti libéral (auquel appartiennent à la fois Manuel Zelaya et Roberto Micheletti le président putschiste) ont officiellement retiré leur candidature. Même Maria Margarita Zelaya Rivas, la candidate du Parti libéral prétendante au poste de vice-présidente, s’est retirée.

En se lançant dans la bataille élective, l’Unification démocratique prend un énorme risque politique que la résistance n’a pas l’intention de lui pardonner.

Cette nouvelle est le premier accroc dans la bataille menée par le peuple hondurien pour le retour à la démocratie. Il avait réussi jour après jour à rassembler plusieurs secteurs professionnels, plusieurs générations et plusieurs horizons politiques autour d’un projet démocratique.

Carlos Reyes, le candidat indépendant qui lutte contre le putsch, avait lui retiré sa candidature le 8 novembre dernier. Un pas que n’a donc pas franchi César Ham.

Dans une interview à Radio Globo, le candidat de l’UD a estimé que la dictature devait se combattre dans les urnes. Et d’affirmer que la revendication principale de la résistance, à savoir l’Assemblée constituante, pouvait s’obtenir également à travers le scrutin de dimanche. Sauf que depuis des mois, la violence des auteurs du coup d’Etat a porté le conflit vers un point de non-retour. Entre la rue et les urnes, le mouvement populaire a choisi.

Jusque-là, l’UD n’a obtenu que de faibles scores sous ses couleurs lors des précédentes élections (entre 2 et 5%). Il serait très surprenant que la tendance change d’ici dimanche.

L’aspect juridique a également était avancé pour motiver ce choix, étant donné que l’Etat ôte le statut juridique à un parti si celui-ci ne se présente pas aux élections. Mais il y a bien longtemps que la logique de parti a disparu dans le pays et que la résistance s’est lancée dans un énorme processus de refondation de la société.

Les militants de base grillés

Par sa décision, la direction de l’UD risque par la même occasion de délégitimer le rôle joué par ses militants de base depuis le début du coup d’Etat, sans parler de la défaite électorale annoncée.

Et ce alors que le mouvement populaire et le président Zelaya ont appelé au boycott depuis des jours. « Pourquoi veulent-ils élire un président, si ce sont les forces armées qui l’enlèvent ensuite ? » a lancé en fin de semaine Manuel Zelaya qui a finalement décidé de renoncer à son poste de président, ne voulant pas être rétabli par la dictature et s’en remettant à la décision du peuple.

Le président constitutionnel a qualifié ces élections de « farces ». Mais visiblement, les farces ont aussi leurs partisans.

SÉBASTIEN MADAU

Source l'auteur
le 26 novembre 2009

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