vendredi 27 novembre 2009

WASHINGTON OSE ENFIN DURCIR LE TON

Les USA retirent les visas diplomatiques à quatre fonctionnaires du camp des putschistes

Un coup dur pour les auteurs du coup d’Etat dans leur quête de reconnaissance internationale.

Les Etats-Unis, par la voix de Ian Kelly, porte-parole du Département d’Etat, a indiqué avoir retiré pour le moment les visas « à quatre personnes ». « Nous sommes en train de contrôler tous les visas de type A (diplomatique, ndr) des membres du régime de fait du Honduras, ainsi que les visas des membres de leur famille ». Parmi les personnes visées, Tomas Arita, le juge de la Cour Suprême qui avait demandé de renverser le président Zelaya.

La décision a été saluée par le président expulsé. « Je pense que c’est une mesure correcte (…) un bon message » a-t-il indiqué.

Depuis plusieurs jours, Manuel Zelaya demandait à Barack Obama d’exprimer clairement ses positions au sujet du coup d’Etat du 28 juin. Jusque-là, Washington avait condamné le coup d’Etat de Roberto Micheletti, mais se faisait discret depuis quelques temps, notamment depuis que Zelaya s’était rendu à la frontière entre le Nicaragua et le Honduras. Hillary Clinton avait jugé son initiative « imprudente ». « La position de la secrétaire d'Etat Clinton était ferme au départ. Désormais, j'ai le sentiment qu'elle ne dénonce plus vraiment le coup d'Etat et qu'elle ne s'oppose plus fermement à la répression que subit le Honduras » avait déclaré le président hondurien.

Plusieurs observateurs estimaient que Barack Obama n’avait pas le contrôle de la situation et que sa condamnation du coup d’Etat ne pesait pas lourd face à des réseaux d’influence américains très présents au Honduras, notamment issus de l’administration Bush.

Appel à la désobéissance

En attendant, le président Zelaya a réitéré ses appels aux militaires de cesser la répression et désobéir à l’Etat Major. Il a demandé au peuple de garder espoir en annonçant son retour « imminent ». Le président a également assuré que le peuple serait consulté sur l’avenir du pays, très probablement au sujet d’une assemblée constituante.

Condamnation de la communauté internationale

Sur le plan international, le président bolivien Evo Morales a critiqué le plan de médiation d’Oscar Rias. « Qu’il ne commette pas cette erreur » a-t-il lancé en se référant au président costaricain. Selon lui, effectuer une amnistie pour faciliter le retour de Manuel Zelaya revient à le traiter tel « un délinquant ». Et d’estimer qu’« il ne peut y avoir non plus d’amnistie pour les putschistes ».

De son côté, le ministre vénézuelien des Relations extérieures Nicolas Maduro Moros a annoncé que son ambassade demeurerait au Honduras et ce malgré l’ordre d’expulsion du personnel diplomatique par Roberto Micheletti, estimant que le gouvernement putschiste n’avait pas la légitimité. « Nous ne prenons pas en compte cet ordre car nos fonctionnaires sont accrédités auprès du gouvernement légitime du président constitutionnel José Manuel Zelaya ».

Selon Manuel Zelaya, la condamnation du putsch par la communauté internationale est une « leçon ». « Je crois que nous avons appris la leçon: l'imposition et la force ne peuvent être la voie, dans aucun pays ».

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 30 juillet 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud-est

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