vendredi 27 novembre 2009

LA VOIE DU DIALOGUE SEMBLE SANS ISSUE

L’Organisation des Etats Américains (OEA) a tenté en vain de convaincre les putschistes de signer les Accords de San José

Une délégation de l’Organisation des Etats Américains (OEA) a effectué une mission au Honduras en début de semaine avec pour objectif principal de convaincre le Gouvernement putschiste conduit par Roberto Micheletti d’accepter les Accords de San José, issus de la médiation du président costaricain Oscar Arias. Sans succès.

Les putschistes refusent une nouvelle fois la voie du dialogue alors que la semaine passée plusieurs instances avaient pointé du doigt les manquements aux respects des droits de l’Homme.

L’OEA « regrette » l’issue des négociations dans un communiqué lu par Bruno Stagno, le chancelier costaricain qui considère « indispensable » le rétablissement de l’ordre constitutionnel et le retour du président Zelaya.

Des organisations des deux camps ont été rencontrées durant ces jours passés au Honduras. Il semblerait que la trame générale du texte soit plutôt accueillie favorablement du côté des partisans de Zelaya, « même si beaucoup ont exprimé des réserves quant à l’amnistie ». Et on les comprend, tant la répression et l’impunité se sont installées dans le pays depuis maintenant deux mois. D’ailleurs, l’OEA a elle aussi fait part de « graves préoccupations pour la sécurité des partisans de Zelaya ».

Chez les partisans des putschistes, c’est plutôt « la crainte face aux conséquences pour la paix du retour de Manuel Zelaya ».

En tous les cas, du côté de Roberto Micheletti, l’arrogance est le meilleur allié de l’intransigeance. « Il va y avoir des élections, que vous les reconnaissiez ou que vous ne les reconnaissiez pas » a-t-il lancé à la délégation. Après le départ de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH), il avait déjà affirmé avoir « prouvé qu’il n’y avait pas de fleuve de sang » dans son pays.

La délégation de l’OEA était composée de son secrétaire général José Miguel Insulza mais venu à titre de simple membre de l’organisation ; les putschistes doutant de son « impartialité ». Il était accompagné des ministres des Affaires étrangères d’Argentine, du Canada, du Costa Rica, de la Jamaïque, du Mexique, de Panama et de la République Dominicaine.

Patricia Licona, vice-ministre des Affaires étrangères en exil a quant à elle répété que « le seul accord favorable au rétablissement de l’Etat de droit sera le rétablissement du président constitutionnel Manuel Zelaya ».

Un rétablissement qui passerait justement par les Accords de San José. Un texte jugé « équilibré » et qui permet « une sortie pacifique, démocratique, respectueuse de la Constitution et de la législation du Honduras pour parvenir à la réconciliation de la famille hondurienne ».

Les espoirs sont visiblement minces. D’ailleurs dès dimanche, la Cour Suprême du Honduras avait déjà rejeté les Accords de San José estimant que « n’importe quel arrangement de type politique qui proviendrait des Accords de San José, malgré son objectif d’aboutir à l’unité et la réconciliation nationale » devait se conformer « à la Constitution et les lois » honduriennes. Une manière pour les putschistes de se cacher derrière un organe d’Etat acquis à la cause du coup d’Etat depuis le 28 juin.

À noter que le Gouvernement américain a annoncé la suspension depuis mercredi des visas pour les Honduriens souhaitant voyager aux Etats-Unis et que l’octroi ne se ferait que dans les cas d’urgence.

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 28 août 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud-est

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