samedi 28 novembre 2009

HONDUÉLECTION

Cinq candidats s’affrontent ce dimanche pour le premier tour des élections présidentielles
Le coup d’Etat, grand absent de la campagne
Dimanche, se tiendront des élections générales, à la fois présidentielles, législatives et municipales au Honduras. Pas besoin de préciser que les votes se dérouleront dans un climat de tension, 5 mois après le renversement de Manuel Zelaya, le président démocratiquement élu. Ce dernier et la résistance ont appelé au boycott. Aujourd’hui alors qu’à part César Ham, les candidats n’ont pas condamné le coup d’Etat, tous parlent de « paix » et d’« unité nationale », sentant qu’ils n’ont pas intérêt à aborder le thème du putsch tant ils l’ont accompagné, voire soutenu. Du coup, durant la campagne, on a parlé tranquillement d’emploi, d’éducation, d’économie ou de culture. Comme si de rien n’était. Tour d’horizon des candidats.

« Pepe » Lobo Sosa (Parti national)
Favori du premier tour dans les sondages. Il possède une grande expérience politique dans la mesure où il a été président du congrès entre 2002 et 2006. Battu par Manuel Zelaya en 2006, il fait partie de ceux qui ont appuyé son renversement. Trois jours avant le coup d’Etat, le Parti national faisait part de sa « solidarité aux forces armées ». Il a mené campagne sur le retour de la sécurité et l’emploi. Il promet de rétablir la paix à travers la signature d’un accord national regroupant tous les secteurs de la société. Y compris ceux qu’il a contribué à exclure ?

Bernard Martinez (Parti de l’Innovation et l’Unité social-démocrate)
Bernard Martinez est le premier candidat noir à une élection présidentielle au Honduras, d’où son surnom d’« Obama hondurien ». Social-démocrate, membre de l’Internationale socialiste, son parti a été prudent à propos du coup d’Etat. Bernard Martinez a reproché au président Manuel Zelaya d’avoir tenté des réformes constitutionnelles « avec désordre et indiscipline ». Il n’a jamais milité pour le retour du président renversé. Lui qui dénonce le bipartisme entre Parti libéral et Parti national aura de grosses difficultés à se faire une place.

Felicito Davila (Démocratie-chrétienne)
Il vient du mouvement syndicaliste ouvrier au sein duquel il fut très actif dans les années 80.Il est un opposant de la première heure à Manuel Zelaya et a fustigé ses tentatives de réformes constitutionnelles, l’accusant de vouloir éliminer les partis politiques et se représenter au poste de président alors que la Constitution ne le permet pas. Son parti n’a que très peu de chances de décoller.

Elvin Santos (Parti libéral)
Sans doute celui qui a le plus à perdre. Vice-président de Manuel Zelaya, Elvin Santos avait un avenir tout tracé. Sauf que lors du coup d’Etat, il a été aux premières loges et s’est désolidarisé du président pour rejoindre le camp des putschistes. Sentant la fracture au sein de la société, il a tardivement tenté de mettre dos à dos Manuel Zelaya et Roberto Micheletti en jouant la carte du renouvellement générationnel. Pas sûr que cela suffise, malgré de gros moyens de campagne pendant laquelle il a insisté sur le développement économique et l’esprit d’entreprise. Il est classé en deuxième position dans les sondages du premier tour, alors que le Parti libéral était avant le putsch le plus grand parti du pays. Depuis le coup d’Etat, de nombreux militants, cadres et élus du parti ont rejoint la résistance.

César Ham (Unification démocratique)
Il est le candidat qui a fait le plus parler de lui cette semaine. Engagé de la première heure dans la résistance contre le coup d’Etat, il a décidé, malgré l’appel du mouvement au boycott, de se lancer dans la bataille des urnes. Du coup, lui et son parti ont perdu toute légitimité auprès de la résistance qui les accuse de vouloir récupérer les voix des manifestants. L’UD est un petit parti, issu de la fusion de divers partis révolutionnaires. Il a très peu de chances de l’emporter. D’autant plus qu’il n’a que très peu mené campagne, du fait qu’il l’ait passée dans la rue. Sa principale revendication : l’assemblée constituante.

Au total, 4,7 millions de Honduriens sont appelés aux urnes pour élire le président de la République, 128 députés, 298 mairies et 20 députés du Parlement d’Amérique centrale. De nombreux pays ont d’ores et déjà affirmé qu’ils ne reconnaîtraient pas les résultats du vote.

L’un des enseignements viendra du taux de participation. Une forte abstention serait une victoire pour la résistance qui appelle au boycott de ces élections qui sont également un test pour mesurer l’influence dans l’opinion du mouvement populaire.

SÉBASTIEN MADAU

le 27 novembre 2009

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