vendredi 27 novembre 2009

DES MARCHES POPULAIRES POUR RAMENER LA DÉMOCRACIE

D’immenses manifestations doivent converger aujourd’hui pour soutenir le président Zelaya

Depuis mercredi, des dizaines de milliers de manifestants poursuivent leur marche nationale de résistance populaire qui devrait arriver aujourd’hui. Partis de plusieurs points du pays, ils se dirigent à pied vers San Pedro Sula et la capitale Tegucigalpa. Ces mobilisations auront valeur de test pour les partisans du président Manuel Zelaya en résistance depuis 45 jours maintenant.

Une grève illimitée a été décrétée par les trois centrales syndicales honduriennes.

De plus, ce week-end, les secteurs de la santé, l’énergie, l’éducation, la météo, les transports aériens ou les taxis ont participé en masse au mouvement. On estime par exemple à 50.000 le nombre d’enseignants engagés dans la grève.

GRÈVE ILLIMITÉE

« C’est une marche de tous les mouvements sociaux dont le point d’orgue sera ce mardi (lire aujourd’hui, ndr) dans la province de El Progreso, nous y attendons d’autres camarades d’autres provinces. Pour le moment, cette marche n’a pas été réprimée car nous marchons sur le bord des routes. Nous verrons bien mardi à l’heure des bilans » a indiqué à la Marseillaise le député du Parti Libéral Javier Hall Polio durant la manifestation. Car la répression Javier Hall l’a subie personnellement. C’était le 30 juin lors d’une manifestation. « Nous avions bloqué un pont stratégique du point de vue économique. La police et l’armée nous ont lancé des bombes lacrymogènes, ont tiré en l’air et nous ont frappé, femmes et vieillards. Des partisans de Micheletti ont ensuite tiré et blessé deux personnes, dont moi à la tête en plus des coups que j’ai reçus sur le corps ». En attendant, le député libéral souligne « le lien très fort entre les élus opposés au coup d’Etat et tout le mouvement social hondurien ».

Au niveau des revendications, le leader paysan Rafael Alegria a appelé à poursuivre la lutte en émettant des réserves quant aux Accords de San José, fruits de la médiation du président costaricain Oscar Arias. « Nous n’acceptons pas que les Accords de San José signent le renoncement à la convocation d’une Assemblée nationale constituante ».

Ce week-end, Mabel Marquez Vijil, de l'organisation Via Campesina Honduras, indiquait à notre rédaction que « le pays se trouve presqu'entièrement paralysé. Très peu d'entreprises fonctionnent, surtout dans le secteur privé. Malgré ça, les autorités putschistes, à travers leurs moyens de communication à leur service, sont en train de dire à la population que tout est normal et qu'il ne se passe rien ».

Et pourtant…

Les putschistes refusent d’accueillir l’OEA

Roberto Micheletti, président proclamé depuis le putsch, a indiqué ce dimanche qu’il refusait d’accueillir au Honduras une mission de l’Organisation des Etats Américains en raison du « manque d’impartialité », notamment de José Miguel Insulza, le secrétaire général. La mission était attendue demain. Elle devait être conduite par José Miguel Insulza pour « promouvoir le rétablissement de l’ordre démocratique » et être composée des ministres des affaires étrangères du Canada, Costa Rica, Jamaïque, Mexique et République Dominicaine. José Miguel Insulza avait assuré que l’OEA pouvait effectuer une « plus grande pression » sur les putschistes même s’il privilégiait la solution négociée. Ce que ne souhaitent visiblement pas les putschistes…
De son côté, le président Manuel Zelaya a appelé à une résolution de la crise en urgence et assuré que l’OEA était en train de « risquer son prestige ». Et de regretter « la lenteur avec laquelle on s’active sur le cas de notre pays ». Il s’est également adressé à Barack Obama après que le président américain a déclaré qu’il ne pouvait pas « appuyer sur un bouton pour le restituer ». Manuel Zelaya a rappelé les accords économiques et commerciaux liant les deux pays. « Si on était d’accord pour en finir avec ce coup d’Etat, en quelques minutes, on laisserait au président Obama la possibilité de le faire ». Des propos qui confirment les suspicions de Manuel Zelaya envers des lobbys aux Etats-Unis qui agiraient en coulisses.

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 11 août 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud-est

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