vendredi 27 novembre 2009

LE BRAS DE FER SE POURSUIT À LA FRONTIÈRE

Un mois après le coup d’Etat, le président Zelaya a indiqué qu’il n’y aurait plus de négociation avec les putschistes.

La zone de « Las Manos » résume la situation que vit le Honduras depuis un mois. Des deux côtés de la frontière, se trouvent des partisans du président Manuel Zelaya venus l’aider à rentrer au pays. Au milieu, l’armée a pour mission d’empêcher son retour et d’entrer en contact avec ses soutiens y compris sa famille, interdite de sortir du pays pour le rejoindre.

Depuis ce week-end, la situation sanitaire s’est aggravée. La Croix-Rouge a enfin été autorisée par l’armée à fournir des vivres et de l’eau aux manifestants. Une commission de l’ONU est aussi présente pour se pencher sur le respect des Droits de l’Homme.

Devant cette intransigeance, Manuel Zelaya a rejeté toute conciliation avec les auteurs du coup d’Etat. « Il n’y a pas de négociation avec les putschistes ! » a-t-il lancé à ses partisans en leur promettant de ne pas quitter les lieux, malgré l’invitation d’Hillary Clinton. « Je ne peux pas laisser les gens qui viennent jusqu’ici. Je ne bouge plus ».

Désormais, le bras de fer bat son plein. Les risques d’accrochages sont nombreux.

Manuel Zelaya se dit menacé. « Je sais qu’il y a des ordres pour venir me chercher et m’assassiner (…) Au sein des forces armées on dit que quand le chien meurt, la rage s’arrête ».

LE RÔLE DE L’ARMÉE

Il semblerait que l’évolution de la situation, dans un sens ou dans l’autre, dépende de l’attitude de l’armée. Manuel Zelaya a appelé les officiers à se rebeller contre leur hiérarchie. La réaction ne s’est pas faite attendre puisque le Chef d’Etat Major aurait fait une descente surprise dans les rangs des troupes postées à la frontière après qu’a couru le bruit de la publication d’un communiqué anonyme de militaires condamnant le coup d’Etat.

Depuis un mois, le Honduras est totalement bloqué et on peut difficilement imaginer que le président putschiste Roberto Micheletti puisse à l’avenir assurer une gestion normale du pays.

De plus, l’isolement du pays se confirme. Miguel Angel Moratinos, ministre espagnol des affaires étrangères a indiqué que « son pays et le monde entier demandent le rétablissement de l’ordre et le retour de Manuel Zelaya comme président du Honduras (…) Ce serait un anachronisme de revenir à l’époque des coups d’Etat militaires en Amérique latine ».

Dans la capitale, les enseignants ont repris leur grève générale et un avocat vient de déposer devant la Cour Suprême un recours contre les couvre-feux prétextant qu’ils violent « au moins 22 articles de la Constitution ».

RETOUR DE LA MÉDIATION…

La sortie de secours des putschistes pourrait au final venir d’une médiation alors qu’ils l’avaient toujours exclue. Le texte du président costaricain Oscar Arias a été présenté au Sénat, dix jours après sa publication, dans un hémicycle à moitié vide en refusant de discuter de la première condition des Accords : le retour de Manuel Zelaya à son poste.

On parle aussi du souhait de l’Organisation des Etats Américains (OEA) de demander à l’ancien président chilien Ricardo Lagos d’organiser une table-ronde entre les deux camps.

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 29 juillet 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud-est

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