Les putschistes rejettent le dialogue alors que le président élu dit préparer sin retour dans son pays.
Le blocage des discussions entre les représentants du président Manuel Zelaya et son successeur à l’origine du coup d’Etat est toujours de mise. Une situation qui met du plomb dans l’aile du plan de médiation proposé par le président du Costa-Rica Oscar Arias (voir la Marseillaise d’hier). Le camp Micheletti est formellement opposé au plan, et au dialogue car celui-ci pose comme première condition « le rétablissement de José Manuel Zelaya Rosales à la présidence de la République ».
C’est d’ailleurs cette condition qui a avait vu le camp Zelaya accueillir plus « favorablement » le plan. Même si au sein de la résistance, il n’est pas question d’accepter « le Gouvernement d’unité et de réconciliation nationale » ou « l’amnistie générale » suite à la répression militaire.
Manuel Zelaya se dit prêt à discuter sur les consultations d’intérêt national prévues. Quant à l’anticipation des élections présidentielles, fixées au 29 novembre mais que le Plan Arias propose fin octobre : « Il n’y a aucun problème pour moi, s’ils le veulent, on peut les faire demain ! » a-t-il déclaré.
Une semaine décisive
En fait, on se dit que l’issue du conflit sera bien plus radicale et cette semaine risque d’être décisive.Manuel Zelaya a annoncé son retour « à partir de ce mercredi » (lire hier). Rien n’assure son retour pour ce jour, mais le dispositif est en marche. « Je suis en train d'initier mon retour au Honduras » a-t-il déclaré au journal chilien « La Nacion ». « Je vais le faire à partir de mercredi par un des postes frontières que possède le Honduras avec le Guatemala, le Salvador ou le Nicaragua ». Le choix de mercredi n’a pas été fait par hasard, juste 72 heures après le délai demandé par Oscar Arias après l’échec de la médiation.
Sans en dire plus, il a annoncé pouvoir le faire par la terre « ou qui sait par air ou par mer (…) Mon entrée à Tegucigalpa va être une apothéose ».
Sur place, le mouvement populaire se poursuit et les organisations sociales ont appelé à la grève générale. On est tout proche d’un climat insurrectionnel.
Manuel Zelaya est visiblement en contact avec la résistance interne pour préparer son retour. « Je représente le peuple du Honduras et j'ai le droit de le défendre. Si pour obtenir la liberté je dois faire des sacrifices, je le ferai. Je ne peux pas le laisser seul en ce moment ».
Une médiation mort-née
Dès le début, le plan de médiation n’avait pas fait l’unanimité. Le président vénézuélien Hugo Chavez l’avait qualifié de « piège tendu par les Américains » tandis que Fidel Castro, le 16 juillet, avait estimé dans une de ses « Réflexions » que « une réunion de ce genre entre Zelaya et les putschistes ne servirait qu’à démoraliser le président constitutionnel et à épuiser les énergies du peuple hondurien » en estimant que « les putschistes étaient en difficulté. L’initiative transmise au Costa Rica avait pour but de les sauver ».
Au niveau international, l’Union Européenne vient de « geler » une aide au Honduras de 65,5 millions d’euros tandis qu’Hillary Clinton a promis de faire de même si la médiation du Costa-Rica échouait.
SÉBASTIEN MADAU
Article publié le 23 juillet 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud-est
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