samedi 28 novembre 2009

ELVIA ARGENTINA VALLE : " NOUS ALLONS CONTINUER À RÉSISTER "

Entretien avec une députée qui lutte contre le coup d’état au Honduras depuis le 28 juin

Les Accords signés entre le président Zelaya et les putschistes ne sont plus qu’un lointain souvenir. Le Congrès n’a toujours pas statué sur le retour du président élu et Robert Micheletti a créé un pseudo Gouvernement d’unité nationale uniquement avec des partisans du putsch. Le point avec la députée du Parti libéral Elvia Argentina Valle qui lutte contre le coup d’état.

Les supporters de Manuel Zelaya, malgré les putschistes,continuent de se mobiliser et de manifester pour la restitution du Président.

- Pour quelles raisons Manuel Zelaya avait décidé de signer cet accord ?
Le Président Zelaya et la chancelière Rodas, même quand ils ont reçu les pires humiliations, et nous aussi au Honduras, avons su nous battre pour retrouver la démocratie, pour éviter que ce qui s’est passé au Honduras le 28 juin ne se passe pas ailleurs. C’est la raison pour laquelle nous voulons en finir avec cet Etat répressif.

Tout de suite après le coup d’état, une résolution de l’Organisation des Etats américains a condamné le coup d’état et l’OEA a expulsé le Honduras dirigé par les putschistes. La résolution impliquait la restitution du président Zelaya dans les 72 heures. Sauf que ces résolutions ne sont pas coercitives. Aujourd’hui, il y a une impunité terrible, aucune enquête n’est réalisée sur les délits qu’ils commettent. Ils devraient être arrêtés et jugés mais le système les protège. Les représentants de Robert Micheletti n’ont jamais été sincères, ils n’ont jamais voulu que cette crise se résolve.

- Pourquoi la restitution n’a pas lieu ?
Parce qu’ils ont peur du président Zelaya ! On ne comprend pas pourquoi dans la mesure où la Cour suprême de justice, le Parquet, le Commissariat aux droits de l’homme, l’armée, la police sont du côté du putsch. Le président Zelaya se rendra compte de manière irréfutable des mauvaises manœuvres administratives de ces quatre derniers mois.

Dans l’accord, l’amnistie n’a pas été insérée mais nous savons que Micheletti a sollicité le médiateur Oscar Arias pour qu’il l’ajoute. Des députés ont admis que le Procureur les a contactés en leur disant que s’ils défendaient la restitution, ils seraient traînés devant la justice.

- Vous avez participé à la réunion du Congrès national qui devait voter ce rétablissement. De quoi avez-vous débattu ?
Il s’agissait de remettre une copie de l’accord. Ce fut en fait du spectacle car ils avaient déjà décidé de le transmettre à la Cour suprême de justice pour qu’elle statue. Nous avons protesté en disant que l’accord demandait de rétrocéder l’autorité du pouvoir exécutif dans son état antérieur au 28 juin et ce jusqu’à la conclusion de l’actuelle période de gouvernance, le 27 janvier 2010 (1). Et que la Cour suprême pouvait être consultée (en insistant sur « pouvaient »).

- Les députés soutenant le coup d’état étaient-ils prêts à voter le retour de Manuel Zelaya ?
Pas tous les parlementaires du Parti libéral (2). Certains ont peur d’être inquiétés par la justice et Roberto Micheletti. Mais ils ont aussi une grande pression de leurs électeurs qui en majorité exigent la restitution du président Zelaya et ont menacé de ne pas aller voter s’il ne revenait pas.

- Quel rôle les députés résistants du Parti libéral et ceux de l’Unification démocratique (gauche) vont-ils jouer ?
Nous allons continuer à résister, en défendant la restitution, en dénonçant les répressions de ce Gouvernement putschiste mais aussi en essayant de convaincre les différents secteurs de la société en disant que s’il n’y a pas la restitution, il n’y a pas d’élection. Dans un régime totalitaire, manipulé, répressif, militarisé, violeur des droits de l’homme, ces élections ne sont qu’une fraude généralisée. Ces élections ne doivent pas avoir lieu et si elles ont lieu, elles ne doivent pas être reconnues. Ce serait les pires élections que nous connaitrions.

Propos recueillis par SÉBASTIEN MADAU

NdA :
(1)
Les élections ont lieu le 29 novembre 2009 avec une passation de pouvoir officielle le 27 janvier 2010.
(2) Manuel Zelaya et Roberto Micheletti appartiennent au Parti libéral, qui s’est divisé depuis le putsch.

Article publié le 11 novembre 2009 sur le quotidien la Marseillaise (sud-est)

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