Manuel Zelaya demande des comptes aux USA alors que les putschistes refusent d’appliquer l’accord
Voici une semaine que l’accord prévoyant la restitution du président Manuel Zelaya au pouvoir a été signé et toujours aucun changement à l’horizon. Manuel Zelaya est toujours réfugié dans l’ambassade du Brésil de la capitale hondurienne Tegucigalpa depuis le 21 septembre et ce alors que la période prévue par l’accord pour sa réinstallation est arrivée à échéance hier (5 novembre).
Alors que l’accord stipule dans son article 5, le rétablissement des organes du pouvoir exécutif tels qu’ils étaient avant le coup d’état du 28 juin, les putschistes estiment que la décision finale revient uniquement au Congrès.
Détail qui a son importance : c’est le Congrès lui-même qui avait avalisé la « destitution » de Manuel Zelaya et installé Roberto Micheletti.
Surenchère dans le camp du gouvernement putschiste
Pis, le gouvernement putschiste a écrit une lettre enflammée à José Miguel Insulza, secrétaire général de l’Organisation des États Américains (OEA) dans laquelle il lui « manifeste (sa) profonde inquiétude » après qu’il a déclaré à une radio chilienne que « l’unique sortie pacifique est le rétablissement du président Zelaya pour le peu de temps qu’il lui reste à la Présidence ».
De leur côté, les putschistes ne reculent devant rien. Alors qu’ils ont traîné des pieds durant des mois avant de signer quelque accord, les voilà en train de revendiquer la direction du futur gouvernement d’unité nationale qu’annonce l’accord signé vendredi dernier.
Dans un courrier envoyé au président Zelaya (voir l'édition), les auteurs du coup d’Etat semblent s’arroger le droit d’imposer les conditions de création de ce gouvernement en demandant une liste de 10 personnes au sein de laquelle une sélection sera faite. Manuel Zelaya a qualifié cette attitude « d’agression ».
Un courrier à Hillary Clinton
Devant cette confusion générale, Manuel Zelaya a adressé un courrier à la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton pour lui demander « si la position de votre pays a été modifiée ou changée au sujet de la condamnation du coup d'Etat ». Cette remarque intervient après l’intervention dans les médias du diplomate américain Thomas Shannon présent lors de la signature de l’accord qui avait estimé que le texte était déjà en vigueur (alors que Manuel Zelaya n’est toujours pas revenu au pouvoir !) et qu’il fallait désormais se concentrer sur les élections du 29 novembre prochain. Une éventualité toujours écartée par la résistance qui estime que le préalable doit être le rétablissement de Manuel Zelaya.
Les USA accusés de dévoyer l’accord
C’est dans cet esprit que Patricia Rodas, la chancelière du Honduras a accusé, depuis le Nicaragua, les USA de vouloir trahir l’accord alors qu’ils ont promis aux Honduriens la restitution du « président constitutionnel et qui d’un autre côté veulent maintenant des élections. Il ne va pas y avoir d’élections au Honduras, pas de légalité, ni de reconnaissance s’il n’y a pas de restitution ».
SÉBASTIEN MADAU
Article publié le 6 novembre sur le quotidien la Marseillaise (sud-est) P.40
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire