Après un passage éclair dans son pays,le président Zelaya et ses partisans campent à la frontière.
L’événement était attendu depuis le 28 juin dernier, date de son expulsion après un coup d’Etat : le président Manuel Zelaya a brièvement pu passer la frontière entre le Nicaragua et son pays accompagné de milliers de ses partisans vendredi soir avant de revenir dans une zone transitoire entre les deux pays en attendant une reprise du dialogue.
Concrètement, le président expulsé n’a été accueilli que par des militaires ultra-armés qui avaient pour mission de l’empêcher d’avancer et de repousser ses partisans venus l’accueillir.
À son arrivée, il a été accueilli par un colonel de l’armée hondurienne auquel Manuel Zelaya a notifié vouloir s’adresser au Chef d’Etat Major le général Romeo Vazquez.
En attendant une réponse, la caravane formée par le président Zelaya se trouve dans la zone transitoire « Las Manos » entre le Nicaragua et le Honduras.
Pour l’heure, le Gouvernement putschiste n’a donné aucune réponse si ce n’est son unique position de principe : « Si Monsieur Zelaya entre sur le territoire hondurien dans ces conditions, il sera arrêté » a répété Roberto Micheletti, le « nouveau » président.
Désormais, le camp Zelaya se refuse à faire marche arrière. « Nous sommes décidés à aller jusqu’au bout pour défendre la démocratie et les droits de l’homme » a indiqué Manuel Zelaya. Des tentes ont été installées sur les lieux pour accueillir les manifestants et commencer à camper.
A Washington, qui soutient officiellement le président expulsé, Hillary Clinton avait jugé « imprudente » l’attitude de Manuel Zelaya.
Patricia Rodas, Chancelière du Honduras, restée fidèle à Zelaya, a indiqué que la Secrétaire d’Etat américaine devait « faire une sérieuse différence entre les pacifistes et les violents » en rappelant que Zelaya « s’est approché de la frontière de manière pacifique, sans armes, sans gilet pare-balles, comme un pacifiste, (…) mais on ne peut pas le mettre sur le même plan que ceux qui ont sorti les fusils ».
Malgré le couvre-feu imposé par les putschistes, des partisans de Zelaya continuent de manifester. Des heurts ont éclaté. Rafael Alegria, leader syndical de Via Campesina a été arrêté avant d’être relâché. Pedro Ezequiel a lui eu beaucoup moins de chance. Plusieurs témoins sur place, l’ont vu être arrêté par la police et l’armée. Son corps sans vie a ensuite été retrouvé dans un champ « avec plusieurs marques de coups et de tortures sur les mains et le corps ».
Le président Zelaya et ses partisans ont décidé de poursuivre leur campement aux abords de la frontière en attendant que le dialogue reprenne.
SÉBASTIEN MADAU
Article publié le 27 juillet 2009 sur le quotidien la Marseillaise sud-est
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