vendredi 27 novembre 2009

BRUIT DE BOTTES DANS TOUT LE PAYS

ARRESTATIONS ET RÉPRESSIONS SE MULTIPLIENT
Une ONG publie une liste de « plus de 101 homicides » durant les couvre-feux


Depuis lundi, une délégation du Comité Interaméricain des Droits de l’Homme (CIDH) est en visite au Honduras afin de constater la situation de tension depuis le coup d’Etat du 28 juin. Plusieurs organisations honduriennes devraient lui remettre des rapports.

La mission durera jusqu’à vendredi, mais le CIDH a déjà publié une liste de 85 personnes devant obtenir des « mesures de protection » spéciales pour être directement menacées. Parmi elles, Patricia Rodas, ministre des affaires étrangères en exil, les leaders du mouvement social Juan Barahona et Rafael Alegria, la famille du président Zelaya ainsi que des journalistes.

Le constat risque d’être accablant pour le Gouvernement putschiste dirigé par Roberto Micheletti. Retour vers les systèmes répressifs des années 70 ?

Lors de l’arrivée des grandes marches populaires dans la capitale mercredi dernier, de violents heurts avaient eu lieu. Le Front annonce que 24 personnes arrêtées ce jour là sont toujours emprisonnées dans des conditions « illégales ».

Au début du mois, une Mission internationale de solidarité, d’observation et d’accompagnement à laquelle participait la Française Claire Chastain, membre de la direction du PCF, a observé « que de nombreuses femmes ont été victimes de violence policière et militaire, et nous avons recueilli des témoignages de manifestantes qui ont été maltraitées et frappées brutalement (des coups à caractère sexuel ont été reportés ainsi que des menaces de viols) ».

Quant à Berta Oliva, du Comité des familles des détenus et disparus du Honduras, une ONG créé en 1982, elle affirme que « des jeunes, y compris mineurs ont été arrêtés et certains ont disparu » parfois dans « des lieux non traditionnels ou illégaux pour quelque détention que ce soit ».

Ces propos font obligatoirement repenser aux systèmes répressifs enclenchés dans les années 70 lors des dictatures militaires d’Amérique latine.

Publication d’une liste de plus de 100 morts.

Jusqu’à présent, les observateurs ont pu décompter les manifestants tués lors des mobilisations. Mais, il semblerait que le bilan soit bien plus lourd.

C’est en tous les cas ce que soutient le Comité pour la défense des Droits de l’Homme au Honduras (CODEH) qui a publié une liste de « plus de 101 homicides » qui auraient eu lieu « les jours de couvre-feu » à un moment où « l’armée et la police avaient le contrôle total et absolu des rues du pays ». La liste que nous nous sommes procurées comprend le nom des victimes, la date de l’autopsie, l’âge, la profession, le lieu, l’heure et les causes de la mort ainsi que les circonstances, la plupart par armes à feu. L’ONG n’accuse pas directement les autorités comme auteurs des faits mais le constat suffit pour faire part du climat ambiant.

De nombreux signaux d’alarme ont été tirés depuis le Honduras pour dénoncer les violations des Droits de l’Homme. Malgré la condamnation du coup d’Etat par la communauté internationale, les putschistes ont les clés du pays depuis plus de 50 jours. Une éternité pour les manifestants qui reçoivent coups et tirs en guise de réponse à leurs aspirations de démocratie.

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 19 août 2009 sur le quotidien La Marseillaise sud-est

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