lundi 23 novembre 2009

LES TENSIONS S’ATTISENT SUR TOUT LE CONTINENT

Le président Zelaya annonce son retour après avoir été expulsé vers le Costa-Rica par l’armée

Le Honduras serait-il en train de vivre un climat de tension que le continent latino-américain a trop longtemps connu dans les années 70 et 80 ?

C’est ce qu’on est en droit de se demander après l’accélération des faits depuis une semaine. Depuis ce week-end, le Président de la République Manuel Zelaya, élu en 2006, a été expulsé de son pays par l’armée vers le Costa-Rica. Mais l’homme a fait part de son intention de revenir dans son pays alors que Roberto Micheletti a été investi par le parlement, sans passer par les urnes.

Après avoir rencontré plusieurs présidents latino-américains lors de la réunion du Groupe de Rio réuni à Managua (Nicaragua), Manuel Zelaya a indiqué vouloir revenir au Honduras aujourd’hui accompagné de membres de l’Organisation des Etats Américains (OEA).

Mardi, il s’est exprimé devant l’assemblée générale des Nations-Unies qui a dénoncé le coup d’état dont il a été victime.

Aujourd’hui, le président Zelaya peut compter sur le soutien des couches les plus populaires du pays mais aussi de plusieurs présidents du continent. Le président cubain Raul Castro a indiqué qu’« au Honduras il n’y a pas et ne doit y avoir qu’un seul président, Manuel Zelaya » et a insisté sur le fait qu’il ne doit « y avoir aucune négociation avec les auteurs du coup d’état ».

Au moins un mort
En attendant, la situation est en train de dégénérer sur place. C’est l’armée qui contrôle la capitale Tegucigalpa. Plusieurs manifestations demandant le retour du président expulsé ont été réprimées, malgré le couvre-feu imposé par Roberto Micheletti. On note au moins un mort. Des organisations sociales ont dénoncé « l’arrestation d’environ 600 leaders populaires ». Des tirs, des gaz lacrymogènes ont été constatés.
La situation s’est également envenimée du point de vue diplomatique après que les ambassadeurs de Cuba, Nicaragua et Venezuela ont affirmé avoir été séquestrés et molestés par l’armée.

Le président Hugo Chavez a annoncé la possible « intervention » de son pays y compris « militairement » si des diplomates vénézuéliens étaient touchés. Il a averti que « les forces progressistes d’Amérique latine prendront les fusils pour défendre leurs acquis sociaux ».

L’Union européenne a proposé sa médiation entre les deux parties en assurant ne pas reconnaître la nouvelle présidence issue d’une « violation inacceptable de l’ordre constitutionnel ». Barack Obama a lui affirmé que l’éviction de Manuel Zelaya n’était « pas légale (…) Le président Zelaya a été démocratiquement élu. Il n’a pas fini son mandat » a-t-il indiqué. « C’est le moment d’agir en conséquence de ne pas perdre de temps ; de démasquer ceux qui condamnent mais qui ensuite applaudissent sous la table, comme cela s’est souvent produit dans notre histoire commune » ont alerté Raul Castro et Hugo Chavez.

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 2 juillet 2009 sur le quotidien la Marseillaise (sud-est)

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