vendredi 27 novembre 2009

UN ATERRISSAGE QUI EMBARASSE LES ÉTATS-UNIS

Les États-Unis avouent que l’avion qui a expulsé le président Zelaya a fait escale dans la base américaine près de la capitale hondurienne

La nouvelle a été confirmée par le Département d’Etat américain : le 28 juin dernier, une fois que le président Manuel Zelaya a été renversé, l’avion qui l’a expulsé au Costa-Rica a fait une escale par Palmerola, la base militaire américaine située au Honduras.

Dès son expulsion, le président Zelaya avait indiqué que son avion s’était posé quelques instants sur cette base stratégique. A ce moment, Washington avait choisi de ne pas communiquer, avant de finalement admettre.

L'avion qui a expulsé Manuel Zelayaa fait une escale à la base militaire américaine de Palmerola.

Philip Crowley, porte-parole du Département d’Etat a reconnu cette semaine que la base avait été utilisée sans la collaboration du personnel militaire américain. Selon lui, « le personnel militaire n’a pas été impliqué dans le vol qui a transporté le président Zelaya au Costa-Rica le 28 juin » en ajoutant que les militaires américains « n’avaient pas connaissance et n’ont pas collaboré aux décisions d’atterrissage, au chargement de combustible et au décollage ».

Un brin gêné, Washington tente de se justifier en indiquant que « la base appartient au Honduras. Elle est dirigée et organisée par la force aérienne hondurienne et ce sont eux qui décident de son utilisation ». Et d’affirmer que toute collaboration militaire avec le Honduras avait été stoppée depuis le coup d’Etat.La base se trouve à Comayagua, à 70 kilomètres au nord-est de la capitale Tegucigalpa. Plus de 600 militaires américains y sont postés, officiellement pour lutter contre le narcotrafic.

Aussi, il est plutôt étrange, connaissant l’intransigeance de l’armée américaine lorsqu’elle le veut, de penser que l’atterrissage d’un avion sur sa base ait pu se faire par surprise. On peut également se demander le rôle joué par les 600 militaires au Honduras depuis ce fameux 28 juin.

Les bases US postées en Amérique latine. Cette information intervient à un moment où de nombreuses tensions existent entre Cuba, le Nicaragua, la Bolivie, l’Equateur et le Venezuela d’un côté et la Colombie de l’autre au sujet de la future installation de bases américaines sur le sol colombien. Le président Alvaro Uribe est sur le point de signer un accord avec Barack Obama pour que des forces armées américaines s’installent dans son pays. « Il s’agit des Yankees, la nation la plus agressive de l’histoire de l’humanité » a réagi Hugo Chavez. « Au lieu d’envoyer plus de soldats, plus d’avions, plus de dollars, plus d’hélicoptères et plus de bombes en Colombie pour qu’il y ait plus de guerres et plus de morts, Obama ferait mieux de les retirer ».

En attendant, après des voyages au Brésil, au Chili et en Equateur, le président Zelaya s’est rendu mercredi au Pérou pour rencontrer le président Alan Garcia. Il en a profité pour indiquer au sujet des accusations des putschistes sur son désir de se représenter que « dans mon gouvernement, cette possibilité n’a jamais été proposée. C’est une invention à eux pour justifier leur coup d’Etat ». Il a expliqué que son souhait était « de procéder à des changements dans la politique de ce pays pour mettre fin aux problèmes de pauvreté ».

SÉBASTIEN MADAU

Article publié le 21 août sur le quotidien la Marseillaise (sud-est) P29

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